Industrie: « L’Europe ne peut pas être le seul marché ouvert », prévient Séjourné

©Shutterstock

Publié le 03/12/2024

4 min

Publié le 03/12/2024

Temps de lecture : 4 min 4 min

L’Europe est prête à défendre son industrie contre les pratiques déloyales de pays étrangers, a averti le 4 décembre le nouveau commissaire européen Stéphane Séjourné, lors d’une visite à l’aciérie d’ArcelorMittal à Gand (nord-ouest de la Belgique). Et pour les Européens la marche à gravir est immense entre décarbonation de l’industrie et leadership technologique, le Vieux continent doit trouver le chemin de sa compétitivité.

 

Par la rédaction AFP

 

A peine confirmés par les Eurodéputés et chargé par la présidente de la Commission européenne Ursula Von der leyen de construire le « Clean industrial act » , le vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné et la vice-présidente et la vice-présidente chargée d’une Transition propre, Juste et Compétitive, Teresa Ribera se sont rendus dans en Belgique sur le site de  l’aciérie d’ArcelorMittal, un secteur qui souffre sur le marché international.   « On ne peut pas être le seul marché ouvert. Je le dis aux Américains: s’ils veulent avoir accès au marché européen, il faudra qu’on ait accès au marché américain », a déclaré à l’AFP le responsable français, interrogé sur la menace de droits de douane brandie par le président élu Donald Trump.

La compétitivité, une priorité des « 100 jours »

 Ce déplacement dans une usine sidérurgique, moins de 48 heures après sa prise de fonction, marque la priorité donnée à la compétitivité économique par le nouvel exécutif européen.  Cette visite est « plus que symbolique, puisque la Commission travaille depuis des semaines sur un plan pour l’industrie de l’acier », a expliqué Stéphane Séjourné. « L’acier est une industrie clé pour l’Europe », sans laquelle on ne produit ni voitures, ni éoliennes, a-t-il martelé sur ce site qui emploie 5.000 personnes.  La filière sidérurgique européenne est en difficulté, plombée par la concurrence chinoise et embarquée dans une transition écologique coûteuse.  Elle souffre également d’une énergie plus chère que chez ses concurrents américains ou asiatiques. Fin novembre, le  sidérurgiste ArcelorMittal a décidé de  retarder son projet massif d’acier décarboné sur son site de Dunkerque (Nord) évoquant un problème de compétitivité et demandant à l’Europe des mesures spécifiques pour protéger l’acier européen.

 

Produire en Europe, protéger sa souveraineté

 « On doit pouvoir produire en Europe », a souligné le commissaire à la Stratégie industrielle. Il faut « protéger » l’acier européen contre « les surcapacités mondiales généralement subventionnées par les Etats« , a-t-il dit, tout en plaidant pour des aides afin de « décarboner l’ensemble des aciéries en Europe ».  « L’acier produit en Europe est un acier de bonne qualité, un acier qui va se décarboner, un acier vert. Il faudra trouver des débouchés à la filière et donc inciter toutes nos entreprises à utiliser de l’acier produit en Europe », a-t-il ajouté, tout en promettant de travailler à faire baisser les prix de l’énergie, « notamment de l’électricité« .  Soutenir l’industrie n’est « pas contradictoire avec les objectifs pour l’environnement, au contraire », a estimé l’Espagnole Teresa Ribera, commissaire à la Transition écologique et à la Concurrence, également présente à Gand mardi.  Elle a averti que les Européens répliqueraient à d’éventuelles mesures commerciales hostiles, y compris de la part des Américains. « On préfère des relations pacifiques et des coopérations à des relations conflictuelles, mais on est prêt à défendre nos valeurs et nos intérêts », a-t-elle affirmé.

 

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a érigé la compétitivité économique en priorité. Le 28 novembre, le Premier ministre français Michel Barnier estimait que l’Europe avait « besoin d’une véritable stratégie industrielle avec des investissements massifs et des mesures de défense commerciale, sans tabou » Et si la Président de la Commission a effectivement promis de mettre sur la table un « pacte pour une industrie propre » durant les 100 premiers jours de son mandat, il faudra que les pays membres soient en mesure de trouver un accord sur la place du nucléaire et de son accès aux financements européens.