Khimod lance son premier projet transfrontalier de méthanation

Publié le 07/04/2025
4 min
Fin mars, l’entreprise française Khimod spécialisée dans la production d’e-molécules et l’entreprise d’ingénierie italienne Hydroalp ont annoncé leur association pour développer un projet d’e-méthane en Italie. Baptisé Pégasus, ce projet de méthanation, « l’un des plus importants d’Italie à ce jour », sera mis en service en 2026 et injectera dans le réseau de transport du gestionnaire indépendant Società Gasdotti Italia (SGI).
Par Laura Icart
« C’est l’un des projets de méthanation les plus importants en termes de taille en Italie » confirme à Gaz d’aujourd’hui Giovanni Fornasa, responsable commercial chez Hydroalp, confirmant l’émergence d’une technologie qui, comme en France, se développe progressivement avec peu de projets à l’échelle mais des débouchés importants avec des marchés porteurs comme l’aérien et le transport maritime.
Une mise en service prévue en 2026
« La mise en service est prévue au premier trimestre 2026 » indique Hydroalp qui outre l’hydrogène renouvelable travaille également sur des projets d’hydroélectricité et photovoltaïques. Le groupe italien qui a investi depuis 2022 dans des projets d’hydrogène renouvelable avec plusieurs projets en cours d’exploitation souhaite s’investir sur le marché des gaz renouvelables et bas carbone, notamment la méthanation. « Nous travaillons également sur des projets d’e-methanol pour une application maritime » précise Giovanni Fornasa. Quid du projet ? Khimod installera fin 2025 son unité modulaire dont les réacteurs catalytiques, élément central de cette technologie, sont fabriqués à Wissous (Essonne) sur le site de méthanisation agricole italien raccordé au réseau de transport de gaz local. Concrètement, l’unité convertira le CO₂ issu de la fermentation de déchets agricoles et l’hydrogène vert produit à partir de sources renouvelables via un électrolyseur de 1 MW installé sur le site en e-méthane. « La totalité de l’hydrogène produit ne sera pas utilisé sur site, l’hydrogène sera utilisé pour d’autres services, notamment industriels » indique Giovanni Fornasa. Une production annuelle de 116 tonnes d’e-méthane, soit « l’équivalent des besoins énergétiques annuels d’environ 150 foyers » indiquent les deux porteurs du projet.
Unité Khimod sur le site industriel d’un projet de waste-to-x.
Un premier projet transfrontalier d’ampleur
« C’est le premier projet transfrontalier de grande ampleur » confirme Nicolas Serrie, président de Khimod, alors que l’entreprise française a déjà vendu une petite unité aux États-Unis. « Ce n’est pas un pilote proprement dit puisqu’il sera opérationnel pour durer 20 ans minimum. » Le patron de Khimod, qui parle volontiers de ce projet comme une vitrine pour trouver « un optimum économique » et les « bon débouchés », croit beaucoup au marché italien, « un marché porteur » dans un pays qui effectivement utilise beaucoup de gaz et cherche des vecteurs de flexibilité pour accompagner le développement des énergies renouvelables. C’est un secteur qui a besoin de soutiens publics confirme Giovanni Fornasa, notamment au niveau des capex. Le but du projet Pegasus, « c’est de tester se faisabilité technico-économique et de pouvoir évaluer les conditions de sa duplicabilité » rappelle-t-il dans un pays où, comme en France, il n’y a pas de cadre spécifique en termes de politiques publiques pour développer la méthanation. Ce projet « est un outil de flexibilité au service du réseau énergétique en général. C’est une technologie maîtrisée qui peut s’adapter au besoin du marché pour des usages très industriels localisés là où l’hydrogène, donc l’électricité renouvelable, est peu chère comme en Europe du Sud ou pour le transport maritime où les volumes seront amenés à grandir dans les années à venir ».
L’entreprise française qui travaille sur plusieurs autres projets en France et en Europe espère pouvoir faire des annonces dans les prochains mois. « Le développement de la méthanation n’est pas lié à des risques et à une brique technologique aujourd’hui maîtrisé, nous confie Nicolas Serrie, mais plutôt à une articulation entre les acteurs de plusieurs mondes celui de l’oil and gas, celui des usages finaux, celui du recyclage du CO₂, ce qui peut rendre l’articulation et la structuration des projets plus longues. » Pour le méthane synthèse, plusieurs marchés semblent particulièrement porteurs, notamment celui du transport aérien et celui du transport maritime, deux secteurs qui ne nécessiteront pas de changement ni d’appareil ni d’infrastructures pour intégrer une part d’e-carburant. Pour l’aérien comme pour le maritime, les réglementations particulièrement contraignantes, notamment en Europe avec Refuels, devraient booster la production de carburants de synthèse dans les prochaines années.