La consommation de gaz en recul de 10,5% depuis le 1er août en France

La centrale électrique à cycle combiné gaz de Montoir-de-Bretagne, en Loire-Atlantique a une puissance installée de 435 mégawatts (MW) soit la consommation annuelle de 450 000 foyers.

Publié le 15/12/2022

6 min

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En France, la consommation de gaz a baissé de 10,5 % depuis le 1er août en données corrigées du climat a indiqué le 15 décembre le gestionnaire du transport de gaz GRTgaz, évoquant plusieurs facteurs : les premiers effets du plan national de sobriété présenté en octobre par le gouvernement et une météo particulièrement clémente en ce mois d’octobre, alors que 2022 sera selon l’Organisation de météorologie mondiale l’année la plus chaude jamais enregistrée en Europe. Dans le même temps, selon les dernières données du gestionnaire du réseau RTE, la consommation d’électricité sur les quatre dernières semaines affiche une diminution structurelle de 9 %, avec une effet « baissier » qui continue à « s’amplifier ».

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Face à une crise énergétique commencée il y a plus d’un an avec une crise des prix, accentuée par la guerre menée par la Russie en Ukraine, l’ensemble des pays européens ont été invités à réduire leur consommation énergétique. En France, le gouvernement a fixé un cap, celui de baisser de 10 % d’ici 2024 l’ensemble de nos consommations énergétiques. Les gestionnaires de réseaux de transport de gaz et d’électricité procèdent à un suivi hebdomadaire des consommations française par secteur. 

Une baisse de 10,5 % de la consommation, de 17 % hors production électrique centralisée

Depuis le 1er août, la consommation française de gaz brute a baissé de 12,4 % par rapport à la même période hivernale 2018-2019, de 10,5 % selon les données corrigées du climat, a indiqué GRTgaz le 15 décembre. Elle est même de 17 % si l’on ne prend pas compte la production électrique centralisée, c’est-à-dire les centrales à cycle combiné gaz (CCG) et les turbines à combustions (TAC) qui elles fonctionnent « à plein régime » selon GRTgaz « pour pallier les indisponibilités du parc nucléaire ». Les baisses les plus notables sont relevées chez les grands industriels (- 22,1 %) avec une consommation estimée à 40, 4 TWh mais aussi pour les consommateurs raccordés aux réseaux de distribution avec une réduction de 14 % des consommations de gaz pour une consommation de 66,9 TWh entre le 1er aout et le 11 décembre.

La consommation de gaz des industriels en baisse de 22,1 % depuis le 1er août 2022

Les consommations des industriels raccordés au réseau de GRTgaz ont baissé de près de 11 TWh entre 1er août et le 11 décembre 2018 et la même période en 2022, soit une réduction de plus de 22 %. Les baisses les plus conséquences sont enregistrées dans le secteur de la chimie avec une réduction de 3,3 TWh (- 25 %), le raffinage et la pétrochimie qui ont réduit de 3,2 TWh (- 33 %) et la métallurgie de 1,2 TWh (- 27 %). Le  secteur de l’agroalimentaire affiche également une diminution de plus de 17 %, soit 1,6 TWh.« Certains industriels ayant même été amenés à arrêter temporairement leurs unités de production » indique GRTgaz. La baisse de consommation chez les industriels n’est pas selon GRTgaz seulement liée aux conséquences de la crise énergétique mais à un ensemble de facteurs conjoncturels (grèves, difficultés d’approvisionnements, baisse de la demande de produits finis) et plus structurels (tension sur les recrutements, substitution du gaz par d’autres vecteurs énergétiques) qui se sont accrus depuis 2018, sans compter les facteurs spécifiques à chaque filière. Le secteur industriel, comme l’ensemble des entreprises, est particulièrement impacté par la hausse des prix de l’énergie qui affecte son activité, ses marges (dans le meilleur des cas) et les poussent parfois à cesser temporairement de produire comme ce fut le cas à l’usine Ascometal de Fos, chez Duralex ou encore tout récemment à Morcenx-la-Nouvelle (Landes) chez Inertam, entreprise spécialisée dans le traitement des déchets amiantés qui a décidé d’arrêter son four pour cinq mois, ne parvenant plus à faire face à la facture énergétique. Selon une enquête mensuelle publiée récemment par la Banque de France, 26 % des entreprises du secteur industriel déclarent que la situation énergétique a eu un impact significatif sur le mois de novembre. Et 42 % d’entre elles estiment que les trois prochains mois seront tout aussi difficiles. Particulièrement inquiets, les secteurs de l’aéronautique, de l’industrie automobile et de l’industrie chimique.

Une baisse résultante de plusieurs facteurs

Une baisse qui s’explique selon le gestionnaire de transport gazier par plusieurs facteurs. Le premier est celui de la météo, les températures ont été tout au long de l’automne bien supérieures aux normales de saison, ce qui a un effet direct sur la consommation brute de gaz, notamment pour le résidentiel avec notamment une période de chauffe légèrement décalée. L’effet climat représente selon GRTgaz « moins de 2 % de baisse des consommations brutes ». Autre effet explicatif : la sobriété. Un effet aussi bien « choisi » que « subi » puisque la baisse des consommations est la résultante selon GRTgaz à la fois d’une prise de conscience collective d’une nécessaire réduction des consommations « non indispensables » pour éviter de mettre sous tension le système gazier mais aussi à une réalité que vivent les Français depuis plusieurs mois, celle d’une facture énergétique qui a explosé, les contraignant à davantage de sobriété, voir pour certains à un risque clair de basculer dans la précarité énergétique.

Une plus forte sollicitation des centrales CCG et des TAC

Si les consommations de gaz ont baissé dans la plupart des segments de marché, les centrales CCG et les TAC tournent elles à plein régime pour produire de l’électricité alors que le parc nucléaire français fonctionne actuellement avec 41 réacteurs et que les mois de janvier et de février s’annoncent à haut risque pour le système électrique, avec des risques de délestage. La production décentralisée de gaz est en augmentation de 43,5 % par rapport à l’année 2018 avec une consommation de 24 TWh. « Un effet soutien à la production électrique qui vient augmenter la consommation corrigée du climat française de gaz de 6,6 % » note GRTgaz. La consommation d’électricité affiche également une baisse continue de ses consommations : de 9 % depuis un mois, de 9,7% sur la semaine du 5 décembre. Elle concerne selon RTE « tous les secteurs ». Avec l’indisponibilité du parc nucléaire – le ministre de l’Économie Bruno Lemaire a évoqué avant-hier un objectif de 45 réacteurs opérationnels « en janvier » -, les centrales gaz devraient tourner à plein régime tout l’hiver.

Crédit : Engie/Antoine Meyssonnier.