La France a consacré plus de 7 milliards à la « finance climat » en 2023

Les efforts mondiaux d'adaptation au changement climatique - de la construction de digues à la plantation de cultures résistantes à la sécheresse estime le 7 novembre l’ONU. ©Shutterstock

Publié le 08/11/2024

4 min

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La direction générale du Trésor a rendu public vendredi le montant 2023 des financements pour le climat de la France, en baisse de 5 % sur un an mais toujours parmi les plus élevés au monde, à trois jours  du début de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan.

Par la rédaction, avec AFP

 

En 2023, la France a fourni 7,2 milliards d’euros à des projets aux retombées positives pour la planète dans les pays en développement, dont 2,8 milliards qui sont dédiés à l’adaptation au changement climatique, précise Bercy dans un communiqué. Ces sommes, qui passent généralement par l’Agence française de développement (AFD), prennent majoritairement la forme de prêts (79 %) et de dons (15 %).

La France, deuxième contributeur de l’UE

L’Hexagone avait déboursé quelque 7,6 milliards d’euros en 2022, soit environ 400 millions de plus qu’en 2023, en baisse de 5 %. Mais France figure parmi « les principaux contributeurs de la finance climat internationale » note l’entourage d’Antoine Armand, évoquant que notre pays «  fait sa juste part ». Au sein de l’Union européenne, la France est le deuxième pays contributeur derrière l’Allemagne et représente 31 % des financements climatiques européens fournis en 2023, selon le communiqué. « Les variations de faible niveau dépendent du moment où un financement est approuvé par l’AFD ou le Trésor« , explique Bercy. « Par exemple, si un projet est approuvé en janvier plutôt qu’en décembre, cela fait mécaniquement baisser ce chiffre. C’est ce qui explique cette différence entre 2022 et 2023, qui n’est donc pas à proprement parler une baisse », précise le texte. Pour la troisième année consécutive, « la France dépasse largement l’objectif de 6 milliards d’euros par an sur la période 2021-2025 fixé par le président de la République en 2020 » indique Bercy, avec des engagements constants depuis cette date : 6,1 milliards d’euros de finance climat fournis en 2021 (dont 2,2 milliards pour l’adaptation) et 7,6 milliards en 2022 (dont 2,6 milliards pour l’adaptation). L’Union européenne et la France resteront « complètement mobilisées et engagées sur le climat«  quelle que soit l’attitude des États-Unis avec le retour de Donald Trump au pouvoir, a assuré jeudi le gouvernement français.

Établir un nouvel objectif de financement

Cet objectif mondial a été dépassé pour la première fois en 2022, avec 115,9 milliards de dollars comptabilisés par l’OCDE. Il sera de nouveau discuté à Bakou dans quelques jours. « La définition d’un nouvel objectif de financements climatiques (dit « NCQG », pour New Collective Quantified Goal on Climate Finance) sera l’un des enjeux majeurs de cette COP » rappelle Paris. À la COP29 à Bakou, la France et l’Union européenne tenteront d’obtenir un but plus ambitieux pour l’après 2025. L’un des défis des négociations sera d’élargir la base des contributeurs – ces pays riches qui ont aussi beaucoup émis de gaz à effet de serre pour leur croissance passée – à la Chine, la Corée du Sud ou aux pays du Golfe. « Nous souhaitons notamment que tous les pays qui en ont la capacité financière contribuent afin d’augmenter les financements, destinés à soutenir la décarbonation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement, notamment les plus vulnérables, car de tels projets ont des retombées positives pour tous » a souligné la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Dans une étude publiée en octobre 2022, le groupe V20, qui rassemble 58 économies « vulnérables » représentant environ 1,5 milliard de personnes, affirme que les chocs et les catastrophes liés au changement climatique ont déjà coûté 525 milliards de dollars à leurs économies au cours des deux dernières décennies. « Nous devons collectivement faire mieux pour mobiliser l’ensemble des sources et des instruments de financement et entraîner davantage le secteur privé dans une approche partenariale essentielle pour l’atteinte de nos objectifs climatiques« , a réagi le ministre de l’Économie, Antoine Armand.

Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les fonds publics internationaux alloués aux pays les plus pauvres pour les mesures d’adaptation sont loin d’être suffisants : avec 28 milliards de dollars en 2022, ils ne couvrent même pas un dixième des besoins, évalués à entre 215 et 387 milliards de dollars annuels d’ici à 2030. À la COP26, les États s’étaient engagés à doubler ce montant d’ici à 2025 pour atteindre 40 milliards de dollars par an mais, même ainsi, le manque de financements resterait « énorme » et les sommes ne seraient « pas à la hauteur du défi« , estime le PNUE. Le rapport constate que les besoins de financement des pays en développement « en matière d’adaptation sont 10 à 18 fois plus importants » que les flux du financement public international.