« La réponse de la France au réchauffement climatique progresse mais reste insuffisante »

Corinne Le Quéré est une climatologue franco-canadienne, présidente du Haut conseil pour le climat. Elle est professeure en science du changement climatique à l’Université d’East Anglia (Royaume-Uni) où elle dirige un groupe de recherche sur les émissions et puits de carbone.

Publié le 12/07/2022

15 min

Publié le 12/07/2022

Temps de lecture : 15 min 15 min

Le Haut Conseil pour le climat a publié le 29 juin son rapport annuel : « Dépasser les constats – mettre en œuvre les solutions ». Si les impacts du changement climatique dû à l’influence humaine s’aggravent en France, les politiques publiques volontaristes mises en œuvre restent insuffisantes dans leur dimensionnement comme dans les moyens alloués pour amener notre pays sur la voie de la neutralité carbone. Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le climat, revient sur plusieurs points clés du rapport et donne des pistes suggérées par cet organisme scientifique indépendant pour parvenir à mettre la France sur le chemin de la neutralité carbone en 2050.

Propos recueillis par Laura Icart

 

Les émissions de gaz à effet de serre ont-elles baissé en France en 2021 ? À un rythme suffisant ?

En France, le secteur des transports est le premier secteur émetteur suivi des secteurs de l’agriculture, de l’industrie, des bâtiments, de la transformation d’énergie et des déchets [représentant respectivement, 30 %, 19 %, 19 %, 18 %, 11 % et 3 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, NDLR]. Les émissions ont rebondi de 6,4% entre 2020 et 2021 après avoir baissé de près de 9,6 % des émissions en 2020, une baisse qui a été grandement influencée par la pandémie du Covid19. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que la France s’inscrit, même modestement, dans une trajectoire continue de baisse de ses émissions avec un rythme annuel moyen de réduction, tous secteurs confondus, de 1,7 %, observé sur la décennie et de 1,9 % sur les années 2019-2021. Les deux dernières années ont été profondément marquées par les mesures de confinement qui ont rendu complexe l’analyse des émissions et plus difficile l’évaluation de de l’impact des politiques publiques.

ll faut accélérer à tous les niveaux d’autant plus que le rehaussement de l’objectif européen de baisse des émissions  impose un doublement du rythme annuel de baisse des émissions.

Les politiques publiques mises en place vont-elles dans le bon sens ?

La réponse de la France au réchauffement climatique progresse mais reste insuffisante. L’année dernière, la gouvernance de la transition climatique a été renforcée et de nouvelles mesures ont été prises pour la plupart des orientations sectorielles de la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Ces efforts vont dans le bon sens, je pense notamment aux politiques publiques liées aux financements de la transition, mais seules 6 des 25 orientations de la SNBC bénéficient de mesures au niveau requis pour l’atteinte des budgets carbone. Cela reste insuffisant pour atteindre les objectifs de réduction de GES de la France à 2030. Il y a encore beaucoup de travail pour construire des politiques publiques et mettre en place des mesures susceptibles d’atteindre le niveau nécessaire…

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