La France passe le cap des 7 TWh de biométhane injecté en 2024

Depuis le début de l’année, plus de 7 TWh de biométhane ont été injectés dans les réseaux gaziers soit la consommation de près de 620 000 logements, soit une hausse de 30% par rapport à la même période l’année dernière. (Janvier à août) ©Frederic Berthet-GRDF

Publié le 02/09/2024

6 min

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Le service des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique (SDES) a publié le 30 août son tableau de suivi du biométhane injecté en France. Au 30 juin, notre pays comptait 694 unités de méthanisation injectant dans les réseaux gaziers, pour une capacité maximum installée de 12,6 TWh par an, en progression de 2 % par rapport à la fin de l’année 2023. Le cap des 700 méthaniseurs en service a d’ailleurs été franchi cet été, et le décret sur les certificats de production de biogaz a été publié, de bonne augure alors que la dynamique de mise en service devrait être plus faible en 2024 et 2025.

Par Laura Icart

 

Il y a deux ans, le deuxième trimestre 2022 avait marqué un tournant pour l’injection de biométhane en France puisque pour la première fois l’objectif trimestriel d’injection fixé par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), à savoir 1,5 TWh, avait été dépassé, avec une production de 1,62 TWh. Au deuxième trimestre 2024, et alors que la nouvelle PPE n’a toujours pas été publiée, la production de biométhane s’établit à 2,9 TWh, soit une hausse de 31 % par rapport au premier trimestre 2023. La PPE fixe pour 2028 « un objectif d’injections de biométhane compris entre 3,5 TWh par trimestre (option basse) et 5,5 TWh par trimestre (option haute) » rappelle le ministère de la Transition écologique. Selon les nouvelles données du SDES, 42 unités de méthanisation ont été mises en service lors du premier semestre, soit une baisse de 46 % en nombre d’unités et de près de 52% en termes de capacités installées.

12,6 TWh par an de capacités maximum installées

Au 30 juin 2024, la capacité maximum installée des 694 sites de méthanisation s’élève à 12,6 TWh. Au deuxième trimestre comme au premier d’ailleurs, ce sont 21 unités qui ont été mises en service pour une capacité supplémentaire de 301 GWh par an, soit 593 GWh depuis le début de l’année, très inférieure à celle installée au cours de la même période en 2023 (1 227 GWh par an). Au deuxième trimestre, environ 2,9 TWh de biométhane ont été injectés dans les réseaux gaziers en France, soit l’équivalent de la consommation de plus de 240 000 logements selon l’observatoire du biométhane. Une hausse de 31 % par rapport au premier trimestre 2023 donc et une hausse de 3 % par rapport au trimestre précédent note le SDES. Avec 967 GWh injecté, mai constitue le mois le plus « prolifique » du trimestre.

Le parc français est majoritairement composé de « petites » installations

« Les unités de méthanisation cumulent environ 93 % de la capacité totale du parc et représentent 91 % des installations en France » indique le SDES. Particularité française : le parc de méthanisation en injection est majoritairement composé de petites installations d’une moyenne inférieure à 15 GWh par an, qui représentent environ 28 % de la capacité totale installée avec une puissance établie de 3,5 TWh. Une moyenne quasi deux fois inférieure à celle de la moyenne européenne, autour de 30 GWh par an selon l’Association européenne du biogaz. Sur les 21 unités de méthanisation mises en service ce trimestre, 18 sont des unités de méthanisation pour une puissance de 251 GWh par an, avec une majorité de sites dont la puissance est inférieure à 15 GWh. Depuis le début de l’année, 593 GWh ont été ajoutés dont 543 GWh provenant des unités de méthanisation. Les unités installées sur des step (48) et des installation de stockage de déchets non dangereux (21) représentent une puissance installée de plus de 1 TWh par an. Les 271 sites, dont la puissance installée est comprise entre 15 à 30 GWh, représentent près de 44 % de la puissance installée française, avec 5,5 TWh par an dont 282 GWh ont été ajoutés au cours du premier semestre. Les 70 unités de plus de 30 GWh par an représentent une capacité de 3,4 TWh, soit 28 % de la puissance nationale, dont 80 GWh ont été installés depuis le 1er janvier. 

Quatre régions concentrent 59 % des injections

Quatre régions – Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Île-de-France – concentrent 58 % des capacités installées au trimestre 2024 et 59 % des injections au cours de cette période, soit 1,7 TWh. Depuis le début de l’année, ces quatre régions ont injecté plus de 3, 3 TWh de biométhane dans les réseaux français. Depuis plusieurs années maintenant, elles ont mis en place des politiques particulièrement incitatives pour soutenir le développement de la méthanisation. Au cours du premier trimestre, ce sont les régions Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes qui ont ajouté les nouvelles capacités les plus importantes avec respectivement 112 GWh et 108 GWh, suivies par la région Grand-Est (78 GWh par an) et le Centre-Val de Loire (71 GWh par an). Les installations de production de biométhane sont particulièrement développées dans le Nord et l’Est de la France. A contrario, les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bourgogne-Franche-Comté et Occitanie représentent moins de 10 % des capacités installées.

Note : graphique réalisé avec les données fournies par le SDES.

14,5 TWh par an de projets inscrits au registre

À la fin du premier semestre 2024, la capacité des 918 projets en file d’attente est de 14,5 TWh par an, « en diminution de 3 % par rapport à fin 2023 » précise le SDES. Le « creux » était attendu par la filière qui avait déjà annoncé des années 2024 et 2025 moins fastes. « Nous aurons moins de raccordements cette année, environ 90 en 2024 et 50 en 2025 [sur le réseau de GRDF, NDLR], illustrant les difficultés rencontrées par les porteurs de projets depuis le début de la crise énergétique en 2022 » indiquait début avril à Gaz d’aujourd’hui Laurence Poirier-Dietzdirectrice générale du principal distributeur de gaz français qui concentre sur son réseau plus de 80 % des injections de biométhane en France. Néanmoins, après quasi deux ans de baisse continue due à un contexte géopolitique et tarifaire compliqué, la réactualisation du tarif et la publication très attendue du décret de production de biogaz devrait impulser une dynamique plus positive pour les porteurs de projets. Entre le premier et le deuxième trimestre, une soixantaine de nouveaux projets pour une puissance de 600 GWh ont inscrits au registre. À la fin du premier semestre, 13 installations de biométhane hors méthanisation sont en projet, pour une capacité maximale de production de 736 GWh par an. 

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