L’Amérique présente de nouveaux objectifs climatiques

Publié le 19/12/2024

5 min

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Le président américain Joe Biden a présenté jeudi sa feuille de route climatique pour les États-Unis, fixant un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un objectif qui pourrait toutefois être rapidement balayé par son successeur Donald Trump qui a promis tout au long de sa campagne un large soutien à l’industrie pétro-gazière en évoquant une fiscalité avantageuse ou encore la levée des restrictions de forage. 

Par la rédaction, avec AFP

 

Deuxième plus grand pollueur au monde derrière la Chine, les États-Unis prévoient à présent une baisse de ses émissions de l’ordre de 61 à 66 % d’ici 2035, comparé à 2005, selon un plan d’actions soumis aux Nations unies. Jusqu’ici, les États-Unis s’étaient engagés à réduire leurs émissions de moitié d’ici 2030, selon le même référentiel.

Faire « preuve d’audace » selon Biden

Cette nouvelle feuille de route constitue « le programme climatique le plus audacieux de l’histoire des États-Unis« , s’est félicité le président Joe Biden. « Nous transformerons cette menace existentielle (du réchauffement climatique) en une occasion unique de transformer notre pays pour les générations à venir », a-t-il encore déclaré. Pour atteindre cet objectif, l’administration Biden compte notamment sur les fruits de ses investissements massifs dans les énergies renouvelables mais aussi sur la contribution du secteur privé. Washington avait jusqu’à février pour présenter cette révision de ses objectifs climatiques appelée « contributions déterminées au niveau national » (NDC) à l’ONU, conformément à l’accord de Paris de 2015.  Chaque État fixe ses propres objectifs, non contraignants.

« Assainir l’eau et l’air » pour Trump

Le retour de Donald Trump au pouvoir fin janvier pourrait chambouler ces plans, le républicain n’ayant pas caché ses positions en la matière, entre soutien affiché aux énergies fossiles et possibilité d’un désengagement de l’accord de Paris, dont les États-Unis étaient déjà sortis sous son premier mandat. Sa porte-parole Karoline Leavitt a réagi en vantant les politiques passées du républicain qui ont permis, selon elle, de faire « progresser la conservation et la gestion de l’environnement tout en promouvant la croissance économique ». Son second mandat permettra d’assainir l’air et l’eau, a-t-elle encore affirmé dans une déclaration transmise à l’AFP, sans mentionner la volonté du président élu de se défaire de ces engagements.

« Les États-Unis feront face » estime Biden

Face au risque que Donald Trump fasse fi de cette feuille de route, l’émissaire climat de Joe Biden, John Podesta, a assuré dans un échange avec des journalistes être confiant dans la capacité du secteur privé et des autorités locales à « faire avancer les choses« . « Ce n’est pas un voeu pieux, cela s’est déjà produit auparavant », a-t-il insisté, rappelant des mesures mises en place par des États et villes démocrates au cours du premier mandat de Donald Trump. Toutefois, a-t-il reconnu, les politiques fédérales décidées par le républicain pourraient « mettre l’action climatique en veilleuse ». Les groupes de défense de l’environnement ont eux salué les nouveaux objectifs annoncés, qui prévoient notamment une réduction d’au moins 35 % des émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre. « Cela constitue un élément de mobilisation important et une référence pour les États, les villes et les entreprises », a estimé auprès de l’AFP Rachel Cleetus, de l’ONG américaine Union of Concerned Scientists. « Même si l’administration Trump ne bougera peut-être pas le petit doigt pour mettre en oeuvre ce plan, il fixe une référence de ce vers quoi les États-Unis doivent tendre », abonde Debbie Weyl du World Resources Institute.

Une baisse de 18 % ses émissions de GES en 2023

Au cours de son mandat, Joe Biden a porté des projets très ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique, avec notamment des investissements massifs dans les énergies renouvelables. Mais les États-Unis, qui restent le premier producteur mondial de pétrole et de gaz et le plus grand pollueur historique, sont à la traîne en matière d’action climatique globale. Selon le centre de recherche Rhodium Group, les gaz à effet de serre émis par le pays avaient diminué de 18 % en 2023 par rapport à 2005. Et à l’été 2024, le centre évaluait qu’à l’horizon 2035, ces émissions devraient baisser de 38 à 56 % par rapport à ce référentiel. L’accord de Paris, dont 195 pays sont membres, vise à maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2 °C » par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 °C. Le monde s’est déjà réchauffé de 1,2 °C ou 1,3 °C en moyenne, selon la période considérée. En 2024, il passera le cap pour la première fois de son histoire des 1,5 °C en moyenne.