Le Canada veut réduire d’un tiers les émissions du secteur pétrolier et gazier

La grande majorité des émissions de CO2 dans le secteur de l'énergie provient de la combustion de combustibles fossiles tels que le charbon (6,3%), le pétrole (46%) et le gaz naturel (47%). ©Shutterstock

Publié le 05/11/2024

4 min

Publié le 05/11/2024

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le Canada a annoncé le 4 novembre vouloir réduire les émissions de son secteur pétrolier et gazier d’un tiers dès 2030 en mettant en place un système de plafonnement et d’échange de crédits carbone, sans toutefois réduire la production.

Par la rédaction, avec AFP

 

L’objectif du système, qui serait mis en place progressivement sur plusieurs années, serait de réduire les émissions de 27 % par rapport aux niveaux de 2026, ce qui équivaut à 35 % des niveaux de 2019. Il n’inclut pas les émissions liées à la consommation finale de ces hydrocarbures. Le Canada est le quatrième producteur mondial de pétrole et ce secteur « représente près d’un tiers de notre pollution climatique », a souligné Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnement, soulignant qu' »il doit faire sa juste part ».

L’énergie, plus 80 % des émissions de GES du pays

Le Canada s’est fixé l’objectif ambitieux de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici à 2030 et de parvenir à des émissions nettes nulles d’ici à 2050. Le profil énergétique et économique du Canada « présente à la fois des défis et des opportunités pour atteindre ces objectifs » souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE), étant donné son profil de grand producteur, consommateur et exportateur d’énergie. La production et l’utilisation d’énergie au Canada représentent plus de 80 % des émissions de GES du pays, la production de pétrole et de gaz comptant à elle seule « pour environ un quart ». Le système électrique canadien est « déjà l’un des plus propres au monde, avec une forte dominance de l’hydroélectricité et un rôle important pour le nucléaire » indique l’AIE avec une production assurée à 58 % par de l’hydroélectricité et plus de 14 % par du nucléaire. Le Canada a mis en place plusieurs mesures politiques pour atteindre ses objectifs climatiques, notamment un système de tarification du carbone.

 

Le plan du gouvernement « s’attaque à la pollution, pas à la production ».

Un secteur Oil&Gas mis à contribution

Les entreprises seront ainsi tenues de publier leurs émissions et leur production à partir de 2026 mais la période effective de plafonnement ne débuterait qu’en 2030. Selon la proposition, les compagnies pétrolières se verraient attribuer des quotas d’émission qui diminueraient au fil des ans. Si elles dépassent ces seuils, elles seraient autorisées à acheter des crédits compensatoires à hauteur de 20 % de leurs émissions. Le plan du gouvernement « s’attaque à la pollution, pas à la production », a ajouté le ministre Guilbeault, soulignant qu’il incite les entreprises à investir dans des technologies de captation de carbone qui se développent de plus en plus. Pour les entreprises, la proposition du gouvernement de Justin Trudeau n’aura pour effets que de ralentir l’économie. « Alors que l’économie canadienne est au point mort, l’imposition d’un plafond pour les émissions de pétrole et de gaz ne fera qu’appauvrir les Canadiens« , a déclaré le Conseil canadien des chefs d’entreprise dans un communiqué. « Ce plafonnement de la production nuira aux familles, aux entreprises et à l’économie canadienne », pense pour sa part la province pétrolifère de l’Alberta. Elle estime que ce plafond nécessitera une réduction de la production d’un million de barils par jour d’ici à 2030.

Ottawa estime que la production de pétrole et de gaz devrait encore augmenter de 16 % de 2019 à la période 2030-2032, contre 17 % en l’absence de plafond, et qu’il n’en résulterait qu’une réduction de 0,1 % du PIB canadien. Le secteur canadien du pétrole et du gaz, qui représente 25 % des exportations du pays, a multiplié ses bénéfices par 10 durant la pandémie de Covid-19, passant de 6,6 milliards de dollars canadiens (4,4 milliards d’euros) en 2019 à 66,6 milliards en 2022. Des groupes de défense de l’environnement, dont le Réseau d’action pour le climat, ont qualifié ces réglementations de « première historique longuement attendue » et de « bonne nouvelle » qui doit être mise en oeuvre « dès que possible« .