Le coût des catastrophes naturelles s’élève à 140 milliards de dollars 2024

Les ouragans, les orages violents et les inondations ont entraîné des pertes assurées supérieures à 100 milliards de dollars pour la cinquième année consécutive. ©Shutterstock

Publié le 09/01/2025

5 min

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Les catastrophes naturelles, aggravées par le dérèglement climatique, ont entraîné des pertes économiques exceptionnellement élevées l’an dernier, indique le 9 janvier le réassureur bavarois Munich Re, selon lequel la communauté mondiale doit agir pour « renforcer la capacité de résistance » des pays vulnérables.

Par la rédaction, avec AFP

 

L’évaluation du groupe allemand est très proche de celle présentée en décembre par Swiss Re, l’autre leader mondial de la réassurance. Pour les réassureurs, 2024 se classe au troisième rang des années les plus coûteuses depuis 1980, estime Munich Re, avec des dommages assurés s’élevant à 140 milliards de dollars, quand Swiss Re avait évoqué 135 milliards (+ 17 %). Les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles devraient s’élever à 310 milliards de dollars en 2024 au niveau mondial, en hausse de 6 % par rapport à 2023 selon l’institut Swiss Re, quand Munich Re les estime à 320 milliards de dollars, contre 268 milliards en 2023, soit une hausse de 19 %.

Les assurances mobilisées à hauteur de 140 milliards de dollars

Cette année, les événements climatiques particulièrement intenses se sont succédé. Les ouragans, les orages violents et les inondations ont entraîné des pertes assurées supérieures à 100 milliards de dollars pour la cinquième année consécutive. « La machine météorologique de notre planète passe à la vitesse supérieure« , déclare dans l’étude Tobias Grimm, climatologue en chef du groupe. L’année 2024 est attendue comme la plus chaude à l’échelle mondiale. « La communauté mondiale doit enfin agir et trouver des moyens de renforcer la capacité de résistance des pays particulièrement menacés, observe-t-il, alors que les habitants des pays qui n’ont pas de protection d’assurance ou de soutien public pour les aider à se relever » paient un tribut particulièrement élevé. Avec 1,54 °C de plus que la moyenne préindustrielle, 2024 devrait devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée. La température moyenne mondiale des 12 derniers mois « était supérieure de 0,74 °C à la moyenne 1991-2020 et, selon les estimations, de 1,62 °C à la moyenne préindustrielle de 1850-1900 » indiquait dans un rapport publié début novembre l’observatoire climatique de l’Union européenne. Le réchauffement climatique favorise l’apparition de nombreuses catastrophes naturelles observées en 2024. L’Europe, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, a connu d’intenses inondations en 2024, « ce qui a entraîné les deuxièmes pertes assurées les plus élevées jamais enregistrées dans la région », selon les estimations de l’Institut Swiss Re. Les montants des pertes dépassent largement les moyennes ajustées à l’inflation des 10 et 30 dernières années. Les deux années les plus coûteuses pour le secteur de l’assurance furent 2005, marquée par l’ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans, et 2017, avec trois ouragans majeurs, Harvey, Irma et Maria.

Une menace à tous les coins du globe

L’année 2024 a été marquée par une « combinaison de grandes catastrophes rares, telles que des tremblements de terre et des ouragans, et d’événements plus fréquents, comme la grêle, les inondations localisées et les incendies de forêt« , a expliqué à l’AFP Tobias Grimm. « Ces phénomènes ont particulièrement augmenté en intensité et en fréquence au fil des ans », ajoute-t-il. Les cyclones tropicaux à eux seuls ont contribué à des pertes totales de 135 milliards de dollars et à des pertes assurées de 52 milliards de dollars. La majorité de ces pertes provenait de puissants ouragans aux États-Unis et notamment des ouragans Hélène et Milton qui ont frappé la Floride fin septembre et début octobre, causant à eux deux 41 milliards de dollars de pertes assurées. En 2024, les pertes mondiales liées aux ouragans et orages violents s’élèvent à 51 milliards d’euros à ce jour, soit la deuxième perte la plus importante après le record d’environ 70 milliards d’euros atteint l’année dernière. En Europe, les inondations à Valence, en Espagne, ont causé des pertes de 11 milliards de dollars, dont 4,2 milliards assurés. « Une étude d’attribution des inondations en Espagne a montré que le changement climatique a doublé la probabilité de subir de telles précipitations« , selon M. Grimm. En raison de l’eau de mer plus chaude, davantage d’humidité s’évapore, les nuages deviennent plus lourds et déversent plus de pluie. Cela renforce ainsi le risque d’inondation. Les inondations ne sont donc « pas seulement une menace près des rivières, mais presque partout, même dans des régions plus connues pour leur sécheresse », souligne l’expert, qui cite en exemple l’aéroport de Dubaï, sous l’eau en avril. Le cyclone Chido, qui a ravagé Mayotte en décembre, aurait été moins puissant sans le réchauffement climatique, selon une étude préliminaire.

11 000 morts liés aux catastrophes naturelles

La prévention des extrêmes climatiques fonctionne mieux, faisant que plus de vies humaines que jadis sont sauvées. Le bilan humain des catastrophes naturelles en 2024 reste toutefois lourd, avec quelque 11 000 personnes ayant perdu la vie. Le plus lourd bilan est lié au typhon Yagi, qui a dévasté l’Asie du Sud-Est en septembre, causant 851 morts. « Dans les pays en développement, le manque d’infrastructures et des réglementations de construction inadéquates amplifient les pertes humaines et matérielles« , note M. Grimm. Un autre problème est le manque de couverture d’assurance. À Mayotte, seuls 6 % des particuliers disposent d’une assurance habitation. Des assurances dites « paramétriques » peuvent aider à combler le fossé en matière d’assurance. « Des paramètres définis, comme par exemple la force du vent, permettent une indemnisation rapide après une tempête, sans qu’il soit nécessaire de prouver les dommages individuels« , explique M. Grimm. Ces solutions sont déjà utilisées par des pays insulaires ou des pays africains.