Le défi de la « cuisson propre » en Afrique

200 millions d’hectares de forêt, dont 110 millions en Afrique, sont menacés par les effets climatiques de la cuisson au charbon de bois, à la biomasse et au bois, selon l'AIE. ©Shutterstock

Publié le 19/05/2024

3 min

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Promesses de financement par centaines de millions de dollars, annonces d’investissements dans les énergies ou dans des usines de tables de cuisson… Les engagements se sont multipliés les 14 et 15 mai lors d’un sommet organisé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) destiné à doter les ménages africains de systèmes de cuisson non dangereux.

Par Laura Icart, avec AFP

 

Au total, 2,2 milliards de dollars ont été promis lors de cette réunion organisée à Paris par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et coprésidée par les dirigeants tanzanien, norvégien et de la Banque africaine de développement (BAD). Un tiers de la population mondiale recourt aujourd’hui encore à des systèmes de cuisson traditionnels, foyers ouverts ou poêles rudimentaires, délétères pour la santé et le développement comme pour le climat. En Afrique sub-saharienne, où ces systèmes induisent la deuxième cause de décès prématurés, plus d’un milliard de personnes sont concernées. Cette situation a des conséquences désastreuses sur la santé, l’environnement et l’égalité des sexes, les femmes et les enfants en subissant les pires conséquences.

Une promesse de 2,2 milliards de dollars

Les financements nécessaires pour résoudre ce problème sont pourtant modestes, selon l’AIE, qui suit le sujet depuis 25 ans: il faudrait 4 milliards de dollars annuels (3,7 milliards d’euros)  pour régler en grande partie le problème en Afrique d’ici à 2030, quand seulement 2 milliards sont aujourd’hui investis dans le monde, pour l’essentiel hors du continent africain. Mardi, quelque 800 participants, institutions, ONU, entreprises, etc., et représentants de 60 pays ont lancé des appels à agir. Certains, comme la France, le Danemark, la Norvège, les États-Unis et l’UE, ont annoncé des efforts accrus. « Les annonces d’aujourd’hui s’élèvent à 2,2 milliards de dollars et viennent en plus des annonces connues », a dit le directeur de l’AIE, Fatih Birol. « Nous suivrons ce que deviennent ces promesses et cet argent, et partagerons les résultats. » Selon l’AIE, ces fonds proviennent pour un peu plus de la moitié du secteur privé, pour environ 30 % de prêts à conditions très favorables, essentiellement d’origine publique, et pour 15 % de crédits carbone.

Une catastrophe sanitaire

L’utilisation de fourneaux inefficaces est l’une des premières causes de pollution intérieure qui a des effets dévastateurs sur la santé des femmes et des enfants, et cause près de la moitié des décès par pneumonie parmi les enfants âgés de moins de 5 ans. 

« Une question de dignité»

« Un tournant a eu lieu. C’est maintenant ou jamais ! », a insisté Fatih Birol, annonçant d’autres rendez-vous au prochain G20, à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre et à la COP29. « L’accès à une cuisson propre, c’est plus qu’une question de cuisine, c’est une question de dignité… C’est bien plus que l’allumage des cuisinières, c’est une question existentielle. C’est une question d’équité, de justice et d’égalité pour les femmes » a déclaré Akinwumi Adesina  président du groupe de la Banque africaine de développement. De son côté, la présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, a appelé à une généreuse reconstitution du fonds africain de développement afin de garantir des ressources pour la cuisson propre dans les pays africains à faibles revenus.

Parmi les entreprises privées, TotalEnergies a annoncé son intention d’investir plus de 400 millions de dollars dans le développement et la distribution en Afrique et en Inde de gaz de pétrole liquéfié (GPL) destiné à la cuisson. GPL, électricité, granulés à base de déchets agricoles, bioéthanol à base de cultures sucrières, etc. : les propositions sont diverses pour remplacer – et améliorer – les systèmes actuels.