Le fonds chaleur sera finalement préservé

Avec 45 % de la consommation d’énergie finale en France, la chaleur est le premier poste de consommation énergétique de notre pays. (c)Shutterstock

Publié le 22/11/2024

4 min

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Le fonds chaleur, qui soutient la production renouvelable de chaleur dans les collectivités locales et les entreprises, et dont les crédits devaient être amputés l’an prochain, va finalement être quasiment intégralement préservé, a annoncé vendredi à l’AFP le ministère de la Transition écologique. Son budget sera maintenu à 800 millions d’euros, dans la lignée de 2024, en écho à la mobilisation massive de la filière mais aussi d’une majorité de groupes parlementaires.

Par la rédaction, avec AFP

 

Le projet de loi de finances 2025 prévoyait une baisse du fonds d’intervention de l’Ademe (Agence de la transition écologique) de 1,37 à 0,9 milliard d’euros, ce qui mécaniquement rabotait également le fonds chaleur qui dépend de lui pour sa gestion. De 820 millions d’euros en 2024, son budget devait être réduit à 540 millions d’euros l’an prochain.

Une mobilisation transpartisanne autour du fonds chaleur

Une annonce qui avait mis vent debout la Fédération professionnelle des entreprises de services pour l’énergie et l’environnement (Fedene) qui rappelait début septembre que l’enveloppe 2024 ne répondait déjà pas aux besoins constatés sur le terrain et appelant « à ne pas briser la dynamique » autour des projets de chaleur renouvelable. Cette baisse avait suscité l’inquiétude des acteurs du secteur, craignant pour les futurs projets de chaleur d’origine renouvelable (réseaux urbains de chaleur, biomasse, géothermie, solaire thermique) au sein des territoires. La ministre de la Transition écologique et de l’énergie, Agnès Pannier-Runacher, l’avait également déploré, indiquant qu’une telle réduction signifierait une année blanche en termes de financement de nouveaux projets et assurant que de nouvelles discussions seraient menées. Beaucoup de députés s’étaient mobilisés pour augmenter les crédits alloués à l’Ademe pour la gestion du fonds chaleur. En commission des finances de nombreux amendements avaient été déposés pour augmenter le fonds chaleur : le groupe LFI a demandé un budget de 1,5 milliard, qui correspond aux besoins estimés pour la Fedene en 2025 ; la députée de Loire-Atlantique Julie Laernoes a insisté sur l’intérêt économique et écologique du fonds chaleur, “l’aide la plus économe et efficace, 1 euro fonds chaleur générant 4 euros d’investissement dans les territoires”. Du côté d’Ensemble pour la République, l’amendement porté par le député du Rhône Jean-Luc Fugit demandait un rehaussement du fonds chaleur à 1 milliard d’euros pour traiter le portefeuille de projets encore en cours pour 2024.

Un budget maintenu à 800 millions d’euros   

À l’issue des derniers arbitrages, le budget du fonds chaleur 2025 sera finalement de 800 millions d’euros, a indiqué vendredi le cabinet de la ministre, permettant de conserver la dynamique de ce fonds créé en 2009 et dont les crédits n’ont cessé d’augmenter depuis. « La décision du Premier ministre visant à reconduire ce fonds à son niveau exceptionnel de 2024 (…) est une excellente nouvelle« , s’est réjouie Mme Pannier-Runacher. Pour elle, le fonds chaleur est « un des meilleurs alliés de notre transition écologique : pour 37 euros d’investissement de l’État, c’est une tonne de CO₂ rejetée en moins dans l’atmosphère. C’est aussi un outil de souveraineté qui nous libère de la dépendance aux énergies fossiles importées et sécurise le prix de l’énergie pour le pouvoir d’achat des Français« .

Pour 2025, l’Ademe a déjà identifié près de 1 milliard d’euros de nouveaux projets auxquels viennent s’ajouter 500 millions de projets déjà déposés que l’enveloppe de 2024 n’aura pas permis de financer. Au total, pour couvrir la demande, ce sont 1,5 milliard d’euros de financements qui seraient nécessaires en 2025. Autant dire que même si ce retour au budget initial est un moindre mal, pas sûr que la Fedene s’en satisfasse, elle qui rappelait en septembre qu’un statu quo sur la dotation du fonds chaleur serait déjà un « très mauvais signal pour la décarbonation ».