Les investissements publics dans la R&D en énergie en constante progression en France

Publié le 21/02/2025
7 min
Les dépenses publiques françaises de recherche et développement (R&D) en énergie ont atteint 2,7 milliards d’euros en 2023, en hausse de 28 % par rapport à 2022. La France, qui consacre à la R&D publique en énergie la part de PIB la plus élevée des pays du G7, a considérablement augmenté ses dépenses dans ce domaine en cinq ans, de « l’ordre de 79 % en euros constants » indique le ministère de la Transition écologique, notamment dans les nouvelles technologies de l’énergie.
Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui
La France s’est dotée en 2016 d’une stratégie dédiée à la recherche énergétique en plus d’un important dispositif de démonstration et de partenariats public-privé visant les nouvelles technologies de l’énergie (NTE). Aujourd’hui, le soutien à la recherche et l’innovation constitue l’un des axes majeurs de la transition énergétique pour accompagner ces filières vers la maturité et la compétitivité propices à leur développement. Présente sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la R&D (recherche fondamentale, industrielle, expérimentation pré–industrielle, démonstrations technologiques, etc.), la recherche française rassemble les organismes de recherche publique concernés par les enjeux énergétiques mais aussi de nombreuses entreprises.
+ 79 % des investissements depuis 2019
Les investissements publics français dans la R&D en énergie ont atteint les 2,7 milliards d’euros en 2023, soit environ à 0,08 % du PIB national, indique dans une note le service statistique du ministère de la Transition énergétique (SDES). Un montant qui dépasse même les 3 milliards d’euros en 2023, « si l’on inclut aussi les investissements publics de démonstration » précise le ministère. L’augmentation des fonds alloués à la R&D énergie depuis 2019 est de 79 % et de 28 % (+ 589 millions d’euros) par rapport à 2022. « C’est la quatrième année consécutive que la hausse des investissements est supérieure à 10 % » note le SDES. Entre 2021 et 2022, la croissance était essentiellement portée par la « très forte montée en charge des investissements dans la R&D sur la filière de l’hydrogène », entre 2022 et 2023. Avec 2,7 milliards d’euros investis en 2023, la France atteint son plus haut niveau et voit également une dynamique nouvelle émerger en termes d’investissements avec une croissance portée par les nouvelles technologies à plus de 60 %. Si la part d’investissements dans la R&D nucléaire reste importante, elle a diminué en 10 ans, passant de 59 à 45 % et cela même si l’année 2023 a vu les montants alloués à la fusion et fission nucléaire progresser nettement, de près de 50 % par rapport à 2002. La part des investissements dans la R&D des énergies fossiles (hors capture carbone) a elle littéralement chuté, passant en 2022 de 304 à 15 millions d’euros, « soit seulement 2 % des dépenses globales » en 2023, souligne le SDES.
Le nucléaire, premier poste d’investissement de la R&D en 2023
En 2023, quasi 2 milliards d’euros sont ainsi consacrés à la recherche et au développement du nucléaire, de l’hydrogène et du renouvelable et environ 420 millions d’euros ont été alloués à l’efficacité énergétique en 2023. En 2022, 40 % des financements étaient consacrés au nucléaire contre 60 % pour les nouvelles technologies de l’énergie. En 2023, c’est environ 45 %, « un niveau proche de la moyenne des 20 dernières années » note le SDES, contre 55 %. Une hausse dans le nucléaire principalement (1,23 milliard d’euros en 2023) portée par celle des moyens alloués aux activités de R&D dans le secteur du nucléaire, notamment en raison de l’intensification des recherches sur les petits réacteurs modulaires (SMR, small modular reactors). « 88 % des investissements publics dans la recherche nucléaire sont consacrés à la fission alors que les 12 % restants sont consacrés à la fusion » note le SDES qui souligne que les financements pour la fission « sont en forte hausse en 2023 (+ 66 %) », portés majoritairement par le projet Nuward. Un projet commun de “petit réacteur modulaire » lancé en 2023 par EDF avec le CEA, Naval Group et TechnicAtome dont l’État finance une part importante dans le cadre de France 2030.
21 % des investissements pour l’hydrogène et les batteries
Même si les investissements sont en baisse par rapport à 2022, la progression la plus importante ces dernières années est celle des nouvelles technologies de l’énergie et plus particulièrement les investissements consacrés à l’hydrogène et aux piles combustibles. Par rapport à 2021, les investissements sont en hausse de plus de 220 %. « Les projets PIIEC de développement d’électrolyseurs ont majoritairement été engagés en 2022, expliquant le pic de financements sur l’année dans ce domaine et le montant plus faible consacré en 2023 » indique le SDES. En 2023, les investissements les plus importants ont été réalisés dans le secteur des piles à combustibles en lien avec les PIIEC mis en œuvre par la coentreprise de Renault et Plug Power (appelée Hyvia) et Alstom. Les investissements dans l’hydrogène et dans les piles combustibles ont représenté 567 millions d’euros, soit 21 % du total, devant l’efficacité énergétique (422 millions d’euros, soit 16 % du total,), les énergies renouvelables (183 millions d’euros, soit 7 % du total), l’électricité et le stockage (79 millions d’euros) et la capture et stockage du CO₂ (37 millions d’euros). La part de l’efficacité énergétique est majoritairement tirée par les transports (à 316 millions d’euros), en nette hausse par rapport aux années 2022 (+ 86 %) et 2021 (+ 217 %). « Cette progression provient de l’intensification des recherches dans le domaine des batteries » note le SDES, évoquant l’entreprise Verkor ,qui construit sa première gigafactory de batteries lithium-ion bas carbone à Dunkerque et vise une production de 50 GWh d’ici 2030, qui bénéficie elle aussi d’un financement dans le cadre de France 2030. Après les transports, c’est l’industrie (42 millions d’euros) et les bâtiments (34 millions d’euros) qui complètent le podium. L’investissement dans la R&D sur les énergies renouvelables est en baisse (- 8 %) en 2023, à 183 millions d’euros, principalement dédié au solaire (78 millions d’euros) et à la biomasse (55 millions d’euros) qui affiche une baisse de 9 % dans les investissements en 2023, suivi par l’éolien (18 millions d’euros) et les énergies marines (10 millions d’euros). Le reste des investissements publics se répartit à part égale entre le stockage d’énergie hors transports (42 millions d’euros), en baisse, et la génération, distribution et transmission d’électricité (36 millions d’euros). Les investissements de recherche dans le domaine des énergies fossiles sont en baisse de 17 % par rapport à 2022, et tendent à se stabiliser depuis 2019. Ils sont composés à 70 % des recherches liées à la capture et au stockage du dioxyde de carbone et la capture et séquestration du carbone (37 millions d’euros).
Si tous les pays du G7 voient leur part de PIB consacrée à la R&D publique énergétique augmenter en 2023 pour atteindre un montant global de plus de 20 milliards d’euros, la France est le pays ayant connu la hausse la plus significative (+ 19 % par rapport à 2022). En effet, l’Hexagone consacre à la R&D publique en énergie la part de son produit intérieur brut la plus élevée des pays du G7 avec près de 3 milliards d’euros en niveau absolu, soit la troisième part la plus importante après les États-Unis, champions absolus avec 10,1 milliards d’euros investis en 2023, soit 50 % du montant total investi par les pays du G7, et le Japon (2,2 milliards d’euros). La France est le premier européen, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni qui ont chacun investi 1,5 milliard d’euros.