Les niveaux de stockage de gaz s’élèvent à 55 % en Europe

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Publié le 28/01/2025

4 min

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En Europe, les stockages gaziers ont été particulièrement scrutés depuis 2022. Cet hiver, leurs niveaux baissent plus vite que les années précédentes puisque l’Union européenne affiche un niveau de remplissage de 55 % contre environ 72 % à la même époque l’an dernier. Pour Gas infrastructure Europe (GIE) ,le système gazier européen est suffisamment « robuste » pour absorber  les vagues de froid alors « qu’aucune perturbation majeure » n’a été observée après la fin de l’accord de transit Russie-Ukraine.

 

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Les infrastructures gazières  restent « un pilier de résilience pour la sécurité énergétique hivernale » rappelle Gas infrastructure Europe (GIE) qui estime que si le système gazier est « robuste », les signaux de prix du marché actuellement faibles pourraient avoir un impact sur le remplissage des stocks en 2025. L’organisme européen rappelle que les stockages gaziers couvrent actuellement « jusqu’à 60 % de la demande de pointe quotidienne dans les États membres de l’UE ».

Le cap des 90 % est dépassé

Remplir les installations de stockage à 90 % pour le 1er novembre de chaque année, c’est l’une des clés essentielles à la sécurité d’approvisionnement de l’Europe. Instauré en juin 2022, dans un contexte géopolitique particulièrement incertain pour la sécurité énergétique du Vieux Continent, le règlement sur le stockage du gaz vise à optimiser la préparation de l’UE pour l’hiver en fixant un objectif contraignant pour l’Union. Une donnée loin d’être anodine lorsqu’on sait que la capacité des stockages de gaz en UE peut couvrir jusqu’à un tiers de la demande de gaz en hiver, même si depuis l’Union n’a cessé de réduire sa consommation de gaz.

Une moyenne européenne à 55 %

Selon les données agrégées de GIE, les niveaux de stockage de gaz ont atteint 636TWh, ou 55,47 % de la capacité de stockage (équivalant à un peu moins de 92 milliards de mètres cubes de gaz naturel) au 28 août. La situation est très hétérogène en Europe. Neuf pays (Chypre, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, l’Irlande, la Lituanie, le Luxembourg, Malte et la Slovénie) ne possèdent pas de stockage souterrain de gaz alors que cinq pays (Italie, l’Allemagne, la France, l’Autriche et la Hongrie) se partagent plus de 66 % des capacités de stockage de gaz de l’UE. Si les niveaux varient entre les pays, la majorité affiche niveau de stockage compris entre 40 et 60 %. C’est le cas notamment du Danemark (46 %), de l’Allemagne (57 %), de la Hongrie (56 %) ou encore de la République tchèque (57 %). 

Source : GIE, 28 janvier 2025.

Quatre pays sont au-dessus de 70 % : il s’agit du Portugal (98 %), de la Pologne (70,6 %), de la Suède (88 %) et de l’Espagne (73 %). Le Royaume-Uni qui n’avait rempli ses stocks qu’à 64 % au 1er novembre est tombé en dessous de la barre des 30 %. La France, qui possède parmi les capacités de stockage souterraines les plus importantes de l’UE, affiche un niveau de stock en dessous des 40 %, avec encore plus de 50 TWh disponible.

« Une forme d’équilibre » trouvée

« Avant la crise, nous terminions en moyenne les hivers avec des stockages gaziers encore remplis à hauteur de 35 à 40 %. Ils devraient être plus bas cette année, entraînant effectivement une hausse des prix au moment du remplissage, sachant qu’à la différence des autres années, nous devrons nous passer de gaz Russe par gazoduc et aller chercher le GNL sur le marché spot. Néanmoins, la demande en gaz a fortement baissé en Europe, ce qui pourrait finalement créer une forme d’équilibre, même avec un prix plus élevé » explique à Gaz d’aujourd’hui Anne-Sophie Corbeau, chercheuse au Center on Global Energy Policy de l’université de Columbia. Malgré la fin de l’accord de transit de gaz entre la Russie et l’Ukraine, il n’y a pas eu de perturbations majeures de l’approvisionnement en gaz. Au-delà de l’hiver prochain, « les signaux de prix du marché restent actuellement faibles, ce qui pourrait entraver les efforts visant à remplir les stocks jusqu’au seuil de 90 % d’ici novembre » rappelle le GIE qui insiste sur l’importance d’une surveillance étroite de la brique assurantielle pour le système énergétique que constitue le système gazier « alors que la période de remplissage commence en avril ».

« Une évaluation approfondie de la situation de la sécurité d’approvisionnement aura lieu à la fin de la saison hivernale » annonce le GIE, notamment pour comparer si les niveaux de stockage restants sont en adéquation avec la consommation du pays.