Les Pays-Bas vont fermer les vannes du plus grand gisement de gaz d’Europe

Publié le 23/06/2023

4 min

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Annoncé depuis plusieurs années, les Pays-Bas ont indiqué le 23 juin qu’ils allaient mettre fin le 1er octobre à l’extraction du gaz dans le plus grand gisement d’Europe, malgré les inquiétudes mondiales autour de l’approvisionnement énergétique suscitées par la guerre en Ukraine.

Par la rédaction, avec AFP

 

Les riverains de l’immense site d’extraction dans la province de Groningue (nord) se plaignaient des tremblements de terre à répétition dont la cause est attribuée à l’exploitation intensive du sol, des poches de vide se formant lors de l’extraction du gaz de ce gisement exploité depuis 1963. « Nous fermons vraiment les vannes », a déclaré le secrétaire d’État aux Mines Hans Vijlbrief. « Les problèmes des habitants de Groningue ne sont pas encore résolus et malheureusement les séismes devraient perdurer pendant plusieurs années mais la source de leur malheur sera fermée à partir d’octobre », a-t-il ajouté.

La terre tremble depuis longtemps

Le gisement de gaz naturel de Groningue, le plus grand d’Europe occidentale, a été découvert en 1959. En 1963, les premières extractions ont débuté. Le 26 décembre 1986, le premier tremblement de terre a été mesuré. Depuis, ils n’ont jamais cessé. Les spécialistes évaluent à plus de 1 000 le nombre de secousses recensées dans cette zone depuis plus de 30 ans. Même si elles sont généralement d’une assez faible magnitude sur l’échelle de Richter (inférieures à 1), elles causent de nombreux dégâts sur les habitations environnantes et sont fortement ressenties par les habitants de la région. Une grogne locale et une situation que beaucoup d’experts géologues ont jugé depuis de nombreuses années « extrêmement préoccupante » ont conduit en 2013 les autorités néerlandaises à reconnaître le lien entre les forages et le risque sismique et à prendre des mesures, quitte à devoir fermer le robinet de sa poule aux œufs d’or.

Un arrêt d’extraction reporté plusieurs fois

L’extraction de gaz du champ gazier de Groningue (exploité par Shell et Exxon Mobil) est progressivement passée de 53,8 milliards de m3 en 2013 à 42,5 milliards de m3 en 2014, 33 milliards de m3 en 2015, 27 milliards de m3 en 2016, 21,6 milliards de m3 en 2017 et 20,1 milliards de m3 en 2018. La production maximale d’année jusqu’en octobre 2019 est plafonnée à 19,4 milliards de m3. En avril 2018, le gouvernement s’est fixé un objectif de production de 12 milliards de m3 pour les cinq prochaines années et a ordonné aux utilisateurs industriels néerlandais de supprimer progressivement l’utilisation du gaz naturel de Groningue d’ici 2022. Même si l’extraction de gaz dans la région a été presque réduite à néant au cours des dernières années, le gouvernement néerlandais a maintenu le site opérationnel en raison des incertitudes énergétiques mondiales, en grande partie provoquées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Finalement, le gouvernement de Mark Rutte a décidé vendredi, au cours d’un conseil des ministres, de mettre complètement fin à la production à partir du 1er octobre.

L’adaptation à une « situation internationale incertaine »

En raison de la « situation internationale incertaine » et en cas d’hiver extrêmement froid, 11 dernières unités d’extraction de gaz du champ de Groningue doivent toutefois rester opérationnelles une année supplémentaire, avant une fermeture définitive en octobre 2024, a annoncé le gouvernement. Shell Pays-Bas et ExxonMobil ont une participation égale dans la NAM, société responsable de l’extraction du gaz de Groningue depuis le début des années 1960. En mars, la directrice sortante de Shell Pays-Bas, Marjan van Loon, a déclaré que le gouvernement néerlandais devait fermer le gisement de gaz cette année. En février dernier, un rapport d’une commission parlementaire a incriminé le gouvernement néerlandais pour avoir failli dans sa gestion du dossier de l’extraction du gaz dans la région de Groningue. La commission d’enquête note que le gouvernement a une obligation morale de remédier à la situation à Groningue, où de nombreuses habitations ont subi des dommages considérables.