Les prix de l’énergie continueront à être encadrés, promet l’exécutif

Publié le 28/08/2022

6 min

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Élisabeth Borne a promis samedi 27 août que l’exécutif n’allait « pas laisser les prix de l’énergie exploser » pour les ménages, tandis que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a assuré que la hausse de l’électricité et du gaz en 2023 serait « contenue ». Mardi, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher avait évoqué avec la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) Emmanuelle Wargon et les acteurs du secteur plusieurs solutions pour réduire la tension sur l’approvisionnement électrique pour les entreprises et les particuliers.

Par la rédaction, avec AFP

 

« Les Français peuvent compter sur moi » a souligné la Première ministre dans une entretien au Parisien Aujourd’hui en France publié dimanche 28 août. En tête des inquiétudes : la hausse des coûts de l’énergie. Un poste qui représente déjà le deuxième poste de dépenses des ménages français. Le gouvernement souhaite donc rassurer alors que les prix de l’énergie ont atteint des niveaux records sur le marché de gros (1 000 euros le mégawattheure électrique et près de 300 euros le MWh de gaz), laissant présager une incidence sur le marché de détail. Une fois terminé le bouclier tarifaire fin 2022, « nous garderons des dispositifs pour amortir les prix de l’énergie et nous prendrons des dispositions spécifiques pour accompagner les plus fragiles », a indiqué la Première ministre.

« Les Français peuvent être rassurés, nous amortirons les hausses« 

 « Les Français peuvent être rassurés, nous amortirons les hausses », a affirmé Élisabeth Borne qui ajoute également que « des mesures spécifiques seront prises pour accompagner les plus fragiles ». La Première ministre a également indiqué au Parisien qu’elle « ne fermait pas la porte à taxer les superprofits ». Plus tôt dans la journée, Bruno Le Maire avait précisé qu’il n’y aurait pas de « rattrapage » sur les prix actuellement plafonnés en 2023 et que les hausses seraient également contenues pour le gaz. Le tarif réglementé du gaz a été relevé à l’automne dernier mais est depuis gelé, tandis que celui de l’électricité a augmenté de 4 % en février. L’an prochain, « pour les ménages les plus modestes, il y aura des chèques énergie qui permettront d’aider ceux qui sont les plus en difficulté pour payer leurs factures d’énergie », a détaillé le ministre de l’Économie lors d’un déplacement à Metz pour une réunion des cadres de la majorité présidentielle. De tels chèques, d’un montant compris entre 48 et 277 euros, ont déjà été accordés aux ménages à faibles revenus en 2022 pour les aider à payer les factures d’énergie de leur logement. Pour les entreprises, le ministre de l’Économie a indiqué vouloir simplifier l’accès à des subventions pour celles qui ne bénéficient pas d’un tarif régulé ou préférentiel pour l’électricité et ont du mal à payer leurs factures énergétiques. Le cabinet de la ministre de la Transition énergétique avait d’ailleurs annoncé mardi que la CRE allait créer avec les services de son ministère et du ministère de l’Économie et des finances une cellule dédiée afin d’accompagner les entreprises et de trouver des solutions sur mesure. Les particuliers eux peuvent évidemment s’adresser au médiateur de l’énergie en cas de refus d’une nouvelle offre si leur contrat à prix fixe est arrivé à terme.

Les Français invités à être plus sobres mais aussi plus flexibles

Également présente à Metz, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a demandé aux entreprises du secteur tertiaire de faire des économies d’énergie pour que les industries électro-intensives puissent continuer à fonctionner normalement. Il faut « que les entreprises du tertiaire soient conscientes que les entreprises industrielles, aujourd’hui, font face à des augmentations des tarifs du gaz et de l’électricité qui sont massives et que, par leurs économies, elles peuvent permettre à ces entreprises de continuer à travailler », a déclaré la ministre. « On peut agir sur la température des bureaux, on peut agir sur la ventilation des centres commerciaux« , a-t-elle cité en exemple. Et si la sobriété apparaît au cœur de la stratégie gouvernementale, plusieurs solutions sont avancées par le MTE et la CRE et notamment celle d’inciter les particuliers à être plus flexibles pour payer moins. Cet hiver, les particuliers et petites entreprises en France vont être incités à modérer leur consommation d’électricité lors des pics de demandes liés au froid, en échange de tarifs avantageux le reste de l’année, a annoncé le ministère de la Transition énergétique jeudi. Le gouvernement veut en fait relancer et élargir une offre similaire à ce que des générations de Français clients d’EDF ont connu sous le nom de « Tempo », qui incite à baisser le chauffage certains jours pour passer les pointes hivernales, mais qui n’était plus activement proposée aux consommateurs. L’objectif est de réduire la tension sur l’approvisionnement électrique, alors que le risque de pénurie augmente pour cet hiver avec l’arrêt contraint de nombreux réacteurs nucléaires, ce qui dope en ce moment les prix de gros de l’électricité à des niveaux jamais vus.

Un nouveau système d’effacement élargi

L’idée sera, pour les clients volontaires, de payer un tarif très avantageux à l’année, mais en cas de pic (20 à 30 jours « rouges » par an), de réduire, voire de couper leur consommation. Ces particuliers ou PME seraient prévenus la veille du pic et si le jour J ils consomment, le tarif sera alors beaucoup plus élevé que durant les autres journées. Pour aider et inciter les fournisseurs d’électricité (EDF et les autres) à proposer ces formules dites d‘ »effacement tarifaire », l’État a prévu un appel d’offres doté d’un budget de 30 millions d’euros. Les industriels gros consommateurs d’électricité connaissent depuis des années le système d’« effacement diffus » : lors d’un pic de demande électrique dans le pays, ils acceptent d’arrêter leurs chaînes de production quelques minutes ou quelques heures et sont récompensés en échange par une rémunération contractualisée. Le gouvernement lance pour cela tous les ans un appel d’offres. Il a reçu cet été la promesse de pouvoir ainsi « effacer » 5 gigawatts (GW) de consommation en cas d’urgence, de la part d’industriels mais aussi de particuliers. Pour lancer le nouveau système d’effacement élargi, la ministre de la Transition énergétique vient d’écrire aux fournisseurs d’électricité. « Le gouvernement entend encourager fortement les comportements permettant de réduire les consommations aux moments les plus tendus, contribuant à réduire les tensions sur notre système électrique ainsi que les coûts » leur écrit Agnès Pannier-Runacher. Elle s’adressera « à des consommateurs comme des PME flexibles qui peuvent organiser leur consommation, ou à des consommateurs résidentiels qui ont un chauffage électrique et un poêle à bois dans le salon, » a-t-on ajouté au ministère.