En décembre, la pure player nantaise Lhyfe a inauguré en Occitanie et en Bretagne deux sites importants de production d’hydrogène renouvelable permettant de produire jusqu’à 2 tonnes par jour. Lhyfe, qui ambitionne de produire jusqu’à 80 tonnes par jour à l’horizon 2026 dans toute l’Europe, continue son maillage régional en France avec désormais quatre sites en production et toujours le même objectif : rapprocher l’offre de la demande via des modèles semi-centralisé de production et de distribution, au plus proche des besoins des territoires.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Avec l’inauguration de deux nouveaux sites à Bessières en Occitanie et à Buléon en Bretagne, « les plus grands de France », Lhyfe accélère le rythme de ses implantations et accroît fortement ses capacités de production dans l’Hexagone. Les premières livraisons d’hydrogène auront lieu dès le premier trimestre 2024 par Lhyfe Bretagne qui a déjà identifié les usages : principalement la mobilité et les bus, gérés par Lorient Agglomération, et les processus industriels de certains entreprises. Même dynamique en Occitanie qui vient de lancer le projet « Corridor H2 Occitanie » et qui mise beaucoup dans sa stratégie énergétique régionale sur l’apport de l’hydrogène pour décarboner ses usages et concrétise les premiers projets issus de son plan national hydrogène doté de 150 millions d’euros et publié en 2019.

Créer une chaîne de valeur complète en Bretagne

C’est sur un terrain d’environ 6 800 m² « jouxtant un parc éolien » sur la commune de Buléon que le premier site de production d’hydrogène vert de Bretagne sera construit. « Une fierté » pour le maire Pierre Bouédo, qui « va permettre à l’ensemble de la région de gagner en autonomie énergétique » et « de poursuivre la transition qui s’impose et que nos administrés attendent de nous ». Concrètement, le site qui vient d’être mis en service sera dimensionné pour produire jusqu’à 2 tonnes d’hydrogène vert et renouvelable par jour (5 MW) et permettra d’approvisionner « la quasi-totalité des clients de Lhyfe » dans un rayon de 150 kilomètres autour du site de production de Buléon. « À titre d’équivalence, 2 tonnes d’hydrogène permettent à un camion de parcourir environ 25 000 km sans émettre un seul gramme de CO₂. Avec cette même quantité, une voiture pourrait même faire cinq fois le tour de la Terre, soit environ 200 000 km » précise Lhyfe. Ce projet va aussi permettre de développer un écosystème breton de l’hydrogène en développant de multiples usages de l’hydrogène dans l’industrie mais aussi dans la mobilité terrestre et maritime, dans une région qui prévoit notamment dans sa feuille de route de développer une première flottille de 10 navires pilotes, à chaîne propulsive électro-hydrogène pour la desserte de passagers, le cabotage de fret, la manutention et la pêche, et une flotte de 2 800 véhicules hydrogène en 2030. Un projet qui prévoit également de développer les compétences et les formations autour de l’hydrogène au niveau régional pour créer une vraie valeur ajoutée au niveau régional, en partenariat avec les universités et les industriels locaux. Lorient Agglomération, le premier client de Lhyfe Bretagne, ambitionne de réduire de 78 % ses émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports d’ici 2030, et a investi massivement pour décarboner sa flotte de bus notamment. Et si l’agglomération mise avant tout sur des bus roulant au biogaz (bioGNV), qui devraient constituer à terme 80 % de son parc de bus, elle compte aussi sur l’hydrogène. D’ici 2025, 12 bus électriques à hydrogène devraient être mis en service et « 19 à terme » selon le communiqué.

En Occitanie, hydrogène toute

À Buléon comme sur le site Lhyfe Occitanie, l’unité de production adopte désormais un nouveau format “conteneurisé”, qui présente « le double avantage de réduire l’emprise au sol de ses sites et de favoriser leur évolutivité » souligne la pure player afin d’accompagner le développement des usages dans les régions. « Je suis fière que ce projet Lhyfe Occitanie se développe ici en Occitanie et que Lhyfe contribue à la décarbonation au cœur de nos territoires. L’hydrogène vert ne pourra pas, à lui seul, nous permettre de remporter le combat que nous menons contre le réchauffement climatique. Mais grâce à nos efforts et à notre statut de région pilote, il deviendra un des piliers du mix énergétique que nous construisons depuis presque 10 ans en Occitanie, aux côtés d’autres énergies d’avenir telle que l’éolien flottant » a déclaré lors de l’inauguration la présidente de la région Occitanie Carole Delga. Le site de production Lhyfe Occitanie est détenu à 80 % par la société Lhyfe et à 20 % par l’Arec Occitanie qui a déjà investi dans un premier site sur le territoire régional. Dimensionné comme le site de Buléon mais plus grand en terme de taille de terrain (8 000 m³), le site de production se situe dans la zone d’activités du triangle de la commune de Bessières, à quelques dizaines de kilomètres de Toulouse. Il commencera son activité commerciale dès le début de l’année.

Construire un corridor hydrogène en Occitanie

L’objectif de la région avec « Corridor H2 Occitanie », au-delà du déploiement de deux unités de production d’hydrogène renouvelable représentant au démarrage 6 tonnes par jour de production
dont Lhyfe Occitanie est la première réalisation, est de parvenir d’ici fin 2024 à mettre en service huit stations de distribution d’hydrogène (de 600 à 1 200 kg par jour), 40 camions à propulsion hydrogène, 62 remorques frigorifiques et 15 autocars interurbains régionaux rétrofités (convertis à l’hydrogène) « qui seront livrés au premier semestre 2024 » précise la région. Un projet qui s’inscrit dans une plus vaste ambition européenne, « Corridor H2 », visant à décarboner le transport de marchandises et de passagers sur un axe nord-sud allant de la Méditerranée à la mer du Nord.
Lhyfe Occitanie « pourra également livrer les autres stations d’avitaillement qui s’implanteront sur le territoire » précise l’entreprise et sera susceptible avec sa capacité de production évolutive de répondre aux besoins de décarbonation des transporteurs, des collectivités et des industriels locaux.