L’injection de biométhane a atteint 2,7 TWh au premier trimestre

Publié le 05/06/2024

6 min

Publié le 05/06/2024

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Le service des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique (SDES) a publié le 31 mai son tableau de suivi du biométhane injecté en France. Au 31 mars, notre pays comptait 674 unités de méthanisation injectant dans les réseaux gaziers, pour une capacité maximum installée de près de 12,2 TWh par an, en progression de 2 % par rapport à la fin de l’année 2023. Si de nouvelles unités sont bien mises en service, la capacité installée supplémentaire (+ 292 TWh) est presque deux fois inférieure à celle du premier trimestre 2023, tandis que le nombre de projets inscrits au registre continuent de baisser, signe que la filière attend des signaux, alors que la publication du décret de certificats de production de biogaz serait « imminente ».

Par Laura Icart

 

Le deuxième trimestre 2022 avait marqué un tournant pour l’injection de biométhane en France puisque pour la première fois l’objectif trimestriel d’injection fixé par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), à savoir 1,5 TWh, avait été dépassé, avec une production de 1,62 TWh. Au premier trimestre 2024, et alors que la consultation pour la prochaine PPE devrait sortir au lendemain des élections européennes, la production de biométhane s’établit à 2,7 TWh, soit une hausse de 32 % par rapport au premier trimestre 2023. Selon les nouvelles données du SDES publiées fin mai, 21 unités de méthanisation ont été mises en service lors du premier trimestre 2023, soit une baisse de 46 % en nombre d’unités mises en service et de près de 55 % en termes de capacités installées.

12,2 TWh par an de capacités maximum installées

Au 31 mars 2023, la capacité maximum installée des 674 sites de méthanisation s’élève à 12,2 TWh. Au premier trimestre, ce sont 21 unités qui ont été mises en service pour une capacité supplémentaire de 292 GWh par an, très inférieure à celle installée au cours de la même période de 2023 (654 GWh par an). Depuis le début de l’année, environ 2,7 TWh de biométhane ont été injectés dans les réseaux gaziers en France, soit l’équivalent de la consommation de plus de 225 000 logements selon l’observatoire du biométhane. Une hausse de 32 % par rapport au premier trimestre 2023 et une hausse de 3 % par rapport au trimestre précédent note le SDES. Avec 943 GWh injecté, le mois de mars constitue le mois le plus « prolifique » du trimestre.

Le parc français est majoritairement composé de « petites » installations

« Les unités de méthanisation cumulent environ 93 % de la capacité totale du parc et représentent 91 % des installations en France » indique le SDES. Particularité française : le parc de méthanisation en injection est majoritairement composé de petites installations d’une moyenne inférieure à 15 GWh par an, qui représentent environ 28 % de la capacité totale installée avec une puissance établie de 3,4 TWh. Une moyenne quasi deux fois inférieure à celle de la moyenne européenne, autour de 30 GWh par an selon l’Association européenne du biogaz. Sur les 21 unités de méthanisation mises en service ce trimestre, 20 sont des unités de méthanisation pour une puissance de 292 GWh par an, avec une majorité de sites dont la puissance est comprise entre 15 et 30 GWh. Les unités installées sur des step (48) et des ISDND (15) représentent une puissance installée de 909 GWh par an. Les 261 sites, dont la puissance installée est comprise entre 15 à 30 GWh, représentent près de 44 % de la puissance installée française, avec 5,3 TWh par an dont 149 GWh ont été ajoutés au cours du premier trimestre. Les 67 unités de plus de 30 GWh par an représentent une capacité de 3,3 TWh, soit 28 % de la puissance nationale, dont 45 GWh ont été installés depuis le 1er janvier.

Quatre régions concentrent 59 % des injections

Quatre régions – Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine et Île-de-France – concentrent 59 % des capacités installées à la fin du premier trimestre 2024 et 59% des injections au cours de cette période soit 1,6 TWh. Depuis plusieurs années maintenant, quatre régions – Grand Est (22 %), Hauts-de-France (18 %), Nouvelle-Aquitaine (11 %) et Île-de-France (9 %) – concentrent la majorité de la puissance installée en France, près de 60 %. Si les régions Grand Est et Hauts-de-France sont également celles qui ont ajouté le plus de nouvelles capacités de production avec 67 GWh et 76 GWh, celles-ci sont en nette diminution par rapport au premier trimestre 2023. La région Auvergne-Rhône-Alpes (39 GWh) et Nouvelle-Aquitaine (40 GWh par an) complètent ce quatuor de tête.

Note : graphique réalisé avec les données fournies par le SDES.

 

13,9 TWh par an de projets inscrits au registre

À la fin du premier trimestre 2024, la capacité des 858 projets en file d’attente est de 13,9 TWh par an, « en diminution de 1 % par rapport à fin 2023 » précise le SDES. À la fin du premier trimestre, le SDES estimait que la capacité des 858 projets en file d’attente approchait les 14 TWh par an. Le « creux » était attendu par la filière qui avait déjà annoncé des années 2024 et 2025 moins fastes. « Nous aurons moins de raccordements cette année, environ 90 en 2024 et 50 en 2025 [sur le réseau de GRDF, NDLR], illustrant les difficultés rencontrées par les porteurs de projets depuis le début de la crise énergétique en 2022 » indiquait début avril à Gaz d’aujourd’hui Laurence Poirier-Dietzdirectrice générale du principal distributeur de gaz français qui concentre sur son réseau plus de 80 % des injections de biométhane en France. Après quasi deux ans de baisse continue due à un contexte géopolitique et tarifaire compliqué, la réactualisation du tarif notamment devrait permettre de baisser le rythme de diminution et d’impulser une dynamique nouvelle pour l’inscription de nouveaux projets au registre. À la fin du premier trimestre, 13 installations de biométhane hors méthanisation sont en projet, pour une capacité maximale de production de 736 GWh par an. C’est la région Île-de-France (2,1 TWh par an) qui a inscrit la plus forte capacité au registre, suivie par les Hauts-de-France et la Normandie (1,5 TWh chacune).