L’interconnexion gazière entre la Pologne et la Lituanie mise en service

Publié le 07/05/2022

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L’interconnexion gazière entre la Pologne et la Lituanie (GIPL) a été officiellement mise en service le 5 mai. Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, ce projet, qui fait partie du plan d’interconnexion, vise à désenclaver les marchés énergétiques baltes. Elle est une brique de plus dans « l’indépendance énergétique de la région » souligne la Commission européenne. Le nouveau gazoduc permettra d’améliorer la sécurité énergétique en connectant les pays baltes ainsi que la Finlande au marché polonais.

Par la rédaction avec AFP

 

La Pologne et les pays baltes ont inauguré jeudi 5 mai un nouveau gazoduc destiné à intégrer des marchés gaziers dans cette région du nord-est de l’Union européenne et à réduire ainsi la dépendance du gaz russe, dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine. Il va aussi augmenter les possibilités d’utilisation du terminal GNL de Klaipėda en Lituanie et du terminal GNL de Świnoujście en Pologne. Fin avril, le géant gazier russe Gazprom a suspendu toutes ses livraisons de gaz vers la Pologne et la Bulgarie, faisant planer la menace d’une pénurie en Europe centrale et orientale mais aussi sur l’ensemble du continent européen. « Aujourd’hui, nous consacrons notre indépendance énergétique », s’est félicité le président lituanien Gitanas Nauseda, lors d’une cérémonie officielle organisée à Jauniunai, près de Vilnius, qui a réuni des hauts responsables de Pologne et des pays baltes. « Nous renforçons notre résistance aux pressions politiques », a-t-il insisté. « Ce gazoduc constitue une réponse au chantage » énergétique exercé par Moscou sur l’Europe, a insisté pour sa part le président polonais Andrzej Duda.

Une capacité de transport annuelle évaluée à 2 milliards de mètres cubes

Le gazoduc GIPL (Gas Interconnection Poland-Lithuania), long de 508 km, dont 165 km en Lituanie et 343 km en Pologne, pourra transporter à terme dans les deux directions environ 2 milliards mètres cubes de gaz et, grâce aux réseaux gaziers existants, relier aussi la Lettonie, l’Estonie et la Finlande. Les premiers flux par le gazoduc ont commencé le 1er mai 2022. La capacité de transport de gaz de la Lituanie vers la Pologne devrait atteindre 1,9 milliard de mètres cubes par an (bcm par an) dans les cinq prochains mois et la capacité de transport de gaz de la Pologne vers la Lituanie sera de 2 bcm par an. En tant que projet d’intérêt commun (PIC), il s’agit d’un projet clé soutenu par la politique de l’UE en matière de réseaux transeuropéens pour l’énergie (RTE-E) et il a bénéficié d’un cofinancement de 266,3 millions d’euros, sur un total de 500 millions d’euros, provenant du budget de l’UE (mécanisme de connexion à l’Europe).

 

Ne plus dépendre du gaz russe

« [Cette] interconnexion est une nouvelle étape pour aider cette région à s’intégrer pleinement au marché intérieur de l’énergie de l’UE, en se diversifiant par rapport au gaz russe » a déclaré la commissaire européenne à l’énergie Kadri Simson, en précisant que « d’autres éléments visant à réduire notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes suivront avec le paquet Repower UE avant la fin du mois de mai ». Selon Eurostat, en 2020 la Russie comptait pour 93 % des importations estoniennes de gaz naturel, 100 % des importations lettones et 41,8 % des importations lituaniennes. Pour la Lituanie, l’ouverture du gazoduc représente une deuxième source d’approvisionnement en gaz indépendante de Moscou, le pays disposant depuis 2014 d’un terminal de gaz naturel liquéfié. Les trois pays baltes ont annoncé début avril avoir arrêté d’importer du gaz russe, comptant à ce stade sur leurs réserves actuelles de gaz stockées sous terre. La Pologne, qui utilise jusqu’à 21 milliards de mètres cubes de gaz par an, s’est déclarée « prête à affronter même la coupure totale » du gaz russe.

Renforcer le marché intérieur du gaz

Le projet GIPL fait suite à l’achèvement de Balticconnector et de l’interconnexion estonienne-latvienne, qui ont assuré l’intégration de la Finlande dans le marché intérieur du gaz. D’autres projets suivront dans la région précise la Commission, tels que le Baltic Pipe, dont la mise en service est prévue en octobre et l’interconnexion polono-slovaque qui devrait également être finalisée cette année. L’extension de l’interconnexion entre la Lettonie et la Lituanie est prévue pour 2023 et la modernisation du stockage souterrain d’Inčukalns en Lettonie, attendue pour 2025, permettront également de renforcer la sécurité énergétique de la région. « Les plans d’infrastructures de l’UE dans la région balte comprennent également la synchronisation des réseaux électriques des États baltes avec le reste de l’UE, le renforcement de l’infrastructure du réseau interne, l’amélioration des interconnexions et l’intégration des énergies renouvelables dans la région » indique la Commission dans son communiqué, qui note également que l’interconnexion gréco-bulgare (IGB) devrait être achevée avant la fin de l’année et l’unité flottante de stockage et de regazéification du GNL dans le port d’Alexandroupolis, dans le nord de la Grèce, dont le développement a été lancé cette semaine, devrait entrer en service en 2023.

Crédit : Shutterstock.