Logement : la France compte 5,2 millions de passoires énergétiques

Publié le 30/07/2022

5 min

Publié le 30/07/2022

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La France compte 5,2 millions de « passoires énergétiques » sur un parc de 30 millions de résidences principales, soit une hausse de 8 % par rapport à 2018, selon une étude de l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE). Un chiffre qui est même porté à 7,2 millions si l’on tient compte de l’ensemble du parc existant (résidences secondaires et logements vacants).

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

En France, le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il représente à lui seul 27 % des émissions de CO2 et près de 45 % de la consommation d’énergie finale. Le secteur du bâtiment a donc un rôle central à jouer dans l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Aujourd’hui encore, dans notre pays, près de 5 millions de logements sont mal isolés (« passoires énergétiques ») et 3,8 millions de ménages ont des difficultés à payer leur facture de chauffage. Selon le médiateur national de l’énergie, 20 % des Français ont déclaré avoir souffert du froid au moins 24h durant l’hiver dernier.

Le DPE, késako ?

Ce nouveau document publié le 24 juillet par le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires actualise les chiffrages sur le parc de logements par classe de diagnostic de performance énergétique (DPE). Le calcul  du DPE a été modifié en juillet et octobre 2021 et tient désormais compte à la fois de la consommation primaire d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. « Les étiquettes DPE sont estimées sur l’ensemble du parc de logements à partir de 310 000 observations des DPE, collectées par l’Ademe, sur la période de décembre 2021 à mars 2022 et des données fiscales » précise l’ONRE. Ces étiquettes allant de A à G sont établis à partir de différentes critères : le bâtiment ou le logement (surface, orientation, matériaux des murs, des fenêtres, etc.), ainsi que ses équipements de chauffage, de production d’eau chaude sanitaire, de refroidissement et de ventilation. Mais elles incluent aussi, par exemple, la date de construction du logement, sa taille, sa localisation, le caractère individuel ou collectif de l’habitat et le statut d’occupation qui figurent parmi les caractéristiques influant sur les performances énergétiques. Les logements classés A et B sont qualifiés de peu énergivores, alors que les logements F et G sont qualifiés de passoires énergétiques.

17,3 % du parc des résidences principales sont des passoires énergétiques

Au 1er janvier 2022, notre pays compte environ 5,2 millions de logements (soit 17,3 % du parc de résidences principales) considérés comme des « passoires énergétiques » (étiquettes F et G du DPE), et « environ 0,5 million des logements seraient très énergivores avec une consommation annuelle d’énergie finale supérieure à 450 KWh/m²/an » précise l’étude. La précédente estimation évaluait le nombre de passoire énergétiques à 4,8 millions de logements au 1er janvier 2018 soit 16,7% du parc. Cette part de passoires énergétiques passe même à 7,2 millions de logements, soit 19,5% du parc, incluant les logements secondaires et les logements vacants. 32 % des résidences secondaires, soit 1,2 million de logements, et 27 % des logements vacants, soit 0,8 million, sont estimés être des passoires énergétiques. À noter que l’étiquette D est la plus fréquente (32 % du parc), les étiquettes C et E représentent respectivement 24 % et 22 % du parc.  

1,5 million de logements sont peu énergivores

Au 1er janvier 2022, environ 1,5 million de logements (5 % du parc) seraient peu énergivores (étiquettes A et B du DPE). Une part plus faible que lors de la précédente estimation puisque celle de 2018 évaluait à 6,6 % la part des logements performants dans le parc des résidences principales.

44 % des logements chauffés au fioul sont classés F ou G

Sans surprise, il existe une très forte distinction selon l’énergie de chauffage utilisée. Presque la moitié (44 %) des logements chauffés au fioul sont des passoires énergétiques. Un nombre qui grimpe même à 71 % si l’on y intègre l’étiquette E. Un premier effet de la refonte du DPE, avec la prise en compte des émissions de GES du logement très défavorable au chauffage au fioul. A contrario les « logements chauffés au gaz ou au bois et par un réseau de chaleur apparaissent plus performants énergétiquement, respectivement 12 % et 13 % d’étiquettes F et G » note l’ONRE. Si L’électricité apparaît « légèrement moins performante » avec 15 % de logements classés F ou G, la distinction est « moindre avec le gaz » que dans la précédente version du calcul du DPE, du fait de la révision à la baisse du coefficient de conversion en énergie primaire de l’électricité et de la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre dans le calcul des étiquettes. Au 1er janvier 2018, 54 % des passoires énergétiques étaient chauffées à l’électricité et 16 % au gaz. Au 1er janvier 2022, 33 % d’entre elles sont chauffées à l’électricité et 29 % au gaz.

Une estimation qui sera actualisée en 2023 lorsque « le nouveau DPE aura été plus largement expérimenté » note l’ONRE, notamment à travers ses différentes modalités (DPE pour le logement collectif, DPE pour les appartements qui sera établi à partir du DPE collectif).

Crédit : Shutterstock.