Marc Ferracci nommé ministre de l’Industrie et de l’énergie

Publié le 24/12/2024

7 min

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Marc Ferracci a été nommé ce 23 décembre ministre délégué chargé de l’industrie et de l’énergie du gouvernement de François Bayrou. Le portefeuille énergétique retrouve donc Bercy moins de six mois après l’avoir quitté. Et si ce va et vient ministériel inquiète certains acteurs qui auraient préféré un ministère dédié, tous espèrent que l’année 2025 sera celle de « la visibilité » et des « avancées concrètes ».

Par Laura Icart

 

Complexe, transverse, incertaine : la question énergétique est aujourd’hui au cœur de l’actualité. Son coût, son origine, sa source, son accessibilité, sa capacité à se transformer sont devenus des questions récurrentes qui animent le débat public. En août 2023, l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire affirmait que « la question énergétique était devenue la première question économique au monde ». Le portefeuille énergétique revient donc dans le giron du ministère de l’Économie et des finances et plus exactement sous la houlette de Marc Ferracci, également ministre de l’Industrie. « Je souhaite que le fil conducteur du ministère dont j’ai l’honneur d’avoir la charge soit au fond résumé par une parole assez simple. Faire de l’énergie une force, une force pour nos industriels, une force pour le bien-être et le pouvoir d’achat des Français » a déclaré le nouveau ministre.

L’énergie « un combat titanesque »

Économiste, ayant travaillé successivement pour la ministre du Travail Muriel Pénicaud (2019) et pour le Premier ministre Jean Castex en 2020 sur des mesures de soutien à l’économie durant la crise du Covid, Marc Ferraci a également piloté le plan France relance avant de devenir en juin 2022 député de la 6e circonscription des Français établis hors de France (Suisse et Lichtenstein). « Je conçois le ministère de l’Industrie et de l’énergie comme un ministère de combat, un combat essentiel. Un combat pour la prospérité de notre pays, un combat pour sa souveraineté, un combat pour la cohésion de notre territoire, un combat pour une France plus audacieuse et aussi plus fraternelle » a souligné Marc Ferraci. Et les dossiers sur le bureau du nouveau ministre sont nombreux : la publication des décrets de la PPE et de la SNBC attendus début 2025, alors que la consultation s’est achevée la semaine dernière, « avec une forte participation populaire » selon le ministère de la Transition écologique puisque cette concertation aurait « recueilli plus d’un 1 million de votes, sur plus de 7 000 propositions soumises à la concertation par le public » et près de 300 cahiers d’acteurs auraient été déposés. Mais aussi la relance et le financement du nucléaire, l’accélération du développement des énergies renouvelables, la publication de la stratégie révisée sur l’hydrogène et les dossiers européens qui vont s’accélérer alors que la question de la compétitivité de l’industrie européenne fait partie des priorités des 100 premiers jours de mandat du nouvel exécutif européen, avec en ligne de mire la question du prix de l’énergie. « Nous payons deux à trois fois plus cher notre énergie qu’en Chine ou aux États-Unis. Nos citoyens ont du mal à payer leurs factures » déclarait le 16 décembre le commissaire européen chargé de l’énergie Dan Jørgensen. Et à Bruxelles, la France aura fort à faire, car le dernier Conseil européen de l’énergie montre que les pays membres restent divisés sur la question de l’atome, alors que certains veulent une directive renouvelable en 2040, d’autres comme la France et l’ensemble des pays de l’Alliance pour le nucléaire militent pour une directives bas carbone. « Il faut une directive bas carbone parce qu’il faut arrêter avec les pourcentages, qui sont une manière de ne pas parler d’énergie et d’émissions et plutôt une manière de pousser un imaginaire politique » confiait Antoine Armand à Gaz d’aujourd’hui en mai dernier, une position sur laquelle l’exécutif européen ne semble pas aligné aujourd’hui mais que la France entend bien pousser à Bruxelles, alors que la quinzaine de pays de l’Alliance du nucléaire laisse entendre qu’elle pourrait constituer une minorité de blocage si la Commission venait à imposer un nouvel objectif d’énergies renouvelables en 2040 sans tenir compte du caractère décarboné des mix énergétiques nationaux.

« Ayons un réflexe souverain » 

« Je ferai de notre souveraineté, de la transition écologique et du pouvoir d’achat mes priorités » avait déclaré Antoine Armand lors de sa prise de fonction le 22 septembre. « En France, on taxe trop. En France, on dépense trop. En France, on ne travaille pas assez » a déclaré le ministre de l’Économie et des finances Antoine Armand, quelques minutes avant de quitter Bercy. En France, « on ne produit pas assez. Ce n’est jamais le bon moment pour faire des économies. C’est toujours tellement plus facile de taxer davantage » souligne Antoine Armand, égrenant « les trois combats vitaux pour notre pays : le rétablissement des finances publiques ; la libération de notre économie ; et la défense de notre industrie ». Sur ce dernier combat, il a souligné : « Ayons un réflexe, un réflexe souverain, un réflexe beaucoup plus fort encore, comme dans notre action que nous avons menée pour ASN et les câbles sous-marins, pour Atos, pour le Doliprane. Au niveau national, évidemment, mais aussi au niveau européen. Au niveau européen, faute de quoi nous serons un continent balayé. Balayé par les puissances qui n’ont pas de scrupules, balayé par ceux qui sont offensifs et qui savent se réunir et agir. »

Aller vers une trajectoire financière soutenable

« Faire des choix en matière budgétaire, cela a un sens. On dit parfois que choisir, c’est renoncer, c’est vrai, mais choisir, c’est aussi avancer, en l’occurrence avancer dans la direction d’une trajectoire financière soutenable qui nous permettent de continuer à investir, de continuer à protéger les Français face aux crises, de continuer à assurer leur sécurité et leur prospérité » a déclaré Laurent Saint-Martin, ministre du Budget nommé hier, ministre chargé du Commerce extérieur. « Bercy est au cœur de l’État, donc au cœur de la République et au cœur de la démocratie » a déclaré le nouveau ministre de l’Économie et des finances, Eric Lombard, anciennement président de la Caisse des dépôts, qui a qualifié Bercy de « ministère de la finance utile » en référence à l’ouvrage qu’il a publié en 2022, Au cœur de la finance utile, A quoi sert votre épargne ? « La situation politique est difficile. La situation internationale est dangereuse et la conjoncture économique est fragile » a souligné le nouveau patron de Bercy, se disant prêt à relever le défi et évoquant plusieurs priorités : l’urgence sociale, l’urgence écologique, l’urgence économique. « La transition c’est une opportunité d’investissement dans notre économie et dans notre industrie » a notamment déclaré Eric Lombard.