Passoires énergétiques : 1,5 million de logements dans le parc locatif privé

Le parc locatif privé est constitué de 69 % d’appartements alors que cette part est de 44 % dans l’ensemble des résidences principales selon une étude publiée par le SDES.

Publié le 21/02/2024

4 min

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Sur les 30 millions de résidences principales que compte la France au 1er janvier 2023, dont 8 millions de logements dans le parc locatif privé, le nombre de « passoires énergétiques » est estimé à environ 4,8 millions. Dans le parc locatif privé, ce taux est encore plus important : environ 18,5 %, soit près de 1,5 million de logements, sont considérés comme très énergivores selon une nouvelle étude publié par le service des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique (SDES).

Par la rédaction de gaz d’aujourd’hui 

 

La France s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de CO2 et de consommation d’énergie. L’amélioration significative des performances énergétiques du parc de logements s’affiche depuis plusieurs années comme une priorité gouvernementale, avec un objectif d’arriver à 200 000 rénovations globales performantes d’ici la fin de l’année. En 2023, 569 790 rénovations énergétiques ont été financées dans le cadre Ma prime rénov’, « dont 71 613 rénovations d’ampleur » indique le ministère de la Transition écologique. Le SDES a publié, le 20 février, un document de travail dans lequel il dresse un panorama du parc locatif privé de logements par classe de consommation énergétique, principalement à partir des données des diagnostics de performance énergétique (DPE) collectées par l’Ademe, croisées avec plusieurs autres sources statistiques. 

18,5 % de « passoires » dans le parc locatif privé

Sur les 29 millions de résidences principales que compte la France, « seules 1,9 million environ sont considérées comme économes en énergie (labels A et B du DPE) » note le SDES. A contrario, 15,7 % de ce parc, soit environ 4,8 millions de logements, sont considérés comme très énergivores (labels F et G du DPE) et doivent faire l’objet d’une rénovation globale. Dans le parc locatif privé, 1,5 million de logements sur 8 millions, composés à plus de 70% par des appartements (contre 44 % en résidence principale), sont considérés comme des « passoires énergétiques » et seulement 4,6 % sont classés A et B. Ce taux est toutefois en baisse de 1,6 % par rapport au 1er janvier 2022. « Le parc locatif privé est plus ancien, avec davantage de petits logements et de logements chauffés à l’électricité » précise le SDES dans son analyse et évoque également une typologie de propriétaires particulière : « plutôt âgés » (46 % ont entre 50 à 80 ans et 10 % ont plus de 80 ans) et avec des « revenus plus faibles ».

© SDES-Fidéli 2021 ; Ademe, base des DPE d’octobre 2022 à mars 2023. Calculs SDES.

 

Une consommation énergétique à typologie variable

Le document du SDES met en avant la variabilité de la consommation énergétique des logements selon la surface, également la zone géographique mais aussi les caractéristiques des occupants. Par exemple, le SDES note que dans le parc locatif privé, on trouve près 14 % de logements de moins de moins de 30 m2 contre 5 % en moyenne pour l’ensemble des résidences principales, et avec de logements en moyenne plus anciens, 37 % ont été construits avant 1948 et 52 % du parc est chauffé à l’électricité. Dans une analyse publiée en novembre 2023 concernant l’ensemble des résidences principales, le SDES relevait justement que ce sont principalement les logements les plus petits qui sont les plus énergivores. 36 % des logements de moins de 30 m² sont très énergivores alors que seulement 13 % des logements de plus de 100 m² sont concernés. Mais plus que la surface, c’est aussi le niveau de vie qui peut expliquer ce taux de « passoires » plus important dans le parc locatif privé. Selon l’étude, 24% des ménages vivant dans le parc locatif privé sont considérés comme modestes (premier quintile de revenus) avec « une part qui décroît en fonction du revenu des occupants : 23 % de passoires dans le premier décile contre 17 % dans le huitième décile ». Autre fait notable à propos du parc locatif privé : 56 % des personnes y vivent seules, avec un « taux de passoires » qui atteint alors 20 %.

Près de 9 Français sur 10 déclarent que la consommation d’énergie est un sujet de préoccupation pour eux et plus de 70 % ont constaté une augmentation de leurs factures de gaz et d’électricité sur les 12 derniers mois, indiquait en octobre dernier le médiateur national de l’énergie dans son baromètre annuel. Une situation qui inquiète bon nombre d’associations car la précarité énergétique est plus que jamais le reflet d’une France qui se paupérise.