Le principal distributeur de gaz français GRDF a annoncé aujourd’hui les trois lauréats de son appel à projets lancé en novembre 2020 visant à soutenir le développement de démonstrateurs power-to-gas raccordés au réseau de distribution de gaz. Trois projets industriels « avec un fort potentiel de réplicabilité » vont donc être accompagnés par GRDF : le projet Hycaunais, la station d’épuration des eaux usées (step) de Perpignan et la step de Pau. Objectif : industrialiser l’injection dans le réseau de méthane de synthèse issu d’un site de production de biométhane via différentes technologies de méthanation.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

« Une douzaine de candidats ont répondu à l’appel à projets » nous indique GRDF. In fine, alors qu’il n’était prévu de ne retenir qu’un seul d’entre eux, ce sont finalement trois projets de démonstrateurs qui seront mis en place à partir de 2023. GRDF y consacrera une enveloppe de 1,25 million d’euros, principalement pour la réalisation d’études et pour adapter les postes d’injection « qui intégreront en particulier une mesure continue de l’hydrogène résiduel présent dans le gaz injecté » précise le distributeur dans son communiqué. Des projets qui bénéficient des dérogations aux conditions d’accès et à l’utilisation des réseaux dans le cadre du dispositif « bac à sable réglementaire » de la CRE, qui a retenu pour ce premier guichet neuf projets, dont six liés à la pyrogazéification et à la méthanation, pour favoriser l’injection de gaz de synthèse dans les réseaux gaziers.

Industrialisation et réplicabilité

Dans une filière des gaz renouvelables en pleine ascension, l’industrialisation des process, autrement dit créer les meilleures conditions technico-économiques pour le développement des projets de production, constitue un enjeu majeur. Les projets dont GRDF sera désormais le partenaire explorent deux technologies de méthanation, catalytique et biologique, sur différentes typologies de sites (step, installations de stockage de déchets non dangereux, dit ISDND) et pour différents usages (chaleur, électricité, carburant…). Ces projets couplant électrolyse, méthanation et méthanisation sont encore émergents en France. Le projet Méthycentre piloté par Storengy, qui doit être mis en service en fin d’année sera le premier démonstrateur d’e-méthane dans l’Hexagone à être couplé à une unité de méthanisation agricole en Indre-et-Loire.

Des briques technologiques à viabiliser 

Sur les trois projets sélectionnés par GRDF, deux utiliseront la technologie de la méthanation biologique et un la méthanation catalytique. Pour le projet Hycaunais piloté par Storengy, localisé à Saint-Florentin (Yonne), au-delà de la valorisation directe de l’hydrogène pour la mobilité, la méthanation par voie biologique permettra de valoriser le CO₂ fatal, issu du biogaz, présent sur le site d’enfouissement de Saint-Florentin. L’hydrogène nécessaire à ce procédé sera produit à partir d’électricité éolienne, grâce à un électrolyseur de 1 MW et le méthane de synthèse produit sera injecté directement dans le réseau gazier. Un projet qui doit démontrer les « atouts du power-to-gas comme service de flexibilité pour le réseau électrique » souligne GRDF.  C’est également la brique méthanation biologique qu’explorent plusieurs start-ups en France et notamment la société toulousaine Enosis, qui a également été choisie par la step de Perpignan (Pyrénées-Orientales), portée par la métropole Perpignan Méditerranée, pour valoriser, avec de l’hydrogène livré en provenance du hub hydrogène de Port-la-Nouvelle, le CO₂ issu de son activité de méthanisation. Enfin, le dernier projet, celui de la step de Lescar à Pau (Pyrénées-Atlantiques), porté par la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, ne se base sur aucune installation existante mais a intégré dès la conception du projet le développement d’une unité de méthanisation sur le site avec brique de méthanation catalytique. Un choix qui doit permettre dès le début d’optimiser les coûts du projet avec des économies d’échelle. Le démonstrateur devrait être mis en service à la fin de l’année 2023.