Présidentielle : la filière du biométhane contribue à la souveraineté énergétique de la France

Publié le 19/02/2022

6 min

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France gaz renouvelable, représentante des acteurs de la filière méthanisation en France, a dévoilé le 15 février ses propositions pour installer durablement les gaz renouvelables dans le paysage énergétique français. Autour de cinq chantiers jugés prioritaires comprenant un rehaussement des ambitions, de la visibilité réglementaire, du soutien à l’innovation et un meilleur accompagnement pour favoriser l’acceptabilité des projets, l’association espère convaincre la sphère politique que les gaz renouvelables constituent « une chance pour la France ».

Par Laura Icart

 

« Nous aurons toujours besoin de gaz malgré l’électrification massive des usages » souligne d’emblée Olivier Dauger, co-président de France gaz renouvelable (FGR) qui précise que le biométhane est une énergie « souveraine qui réduit notre dépendance au gaz fossile » produite en très grande majorité (80 %) par le monde agricole. Elle permet également de « recréer un tissu rural, un lien entre la ville et la campagne notamment avec le traitement des biodéchets » ajoute de son côté Jacques-Pierre Quaak, co-président de FGR et agriculteur méthaniseur, à Chaumes-en-Brie, en Seine-et-Marne. Alors que la campagne électorale et médiatique bat son plein, France gaz renouvelable fait 14 propositions pour éclairer le débat public sur le potentiel de la méthanisation et sur sa dynamique de déploiement alors que la filière comptait en fin d’année dernière près 16 térawattheures (TWh) de capacités installées (cogénération et injection), soit plus d’un millier d’unités de méthanisation en service.

Faire rimer potentiel et ambition  

La première demande de la filière, et elle est récurrente depuis deux ans, c’est le rehaussement des objectifs prévus dans la PPE et en premier lieu la part de gaz renouvelable dans la consommation de gaz nationale fixe à 10 % par la loi de transition énergétique pour une croissance verte (2015) et ramenée à 7 % dans l’actuelle PPE, « essentiellement pour des contraintes budgétaires » précise FGR. Pour y parvenir, et la filière est persuadée que cet objectif de 10 % est parfaitement atteignable dès 2030 voire même avant, FGR demande que des objectifs plus ambitieux soient fixés pour 2028, où elle estime avoir la capacité de produire jusqu’à 52 TWh par an contre 15,5 TWh aujourd’hui. Une capacité essentiellement portée par le biométhane injecté qui pourrait atteindre 37,5 TWh à horizon 2028 (contre 14 à 22 TWh par an prévu dans l’actuelle PPE), et près de 49 TWh à horizon 2070. Et si la filière affiche de telles ambitions, c’est parce que malgré les contraintes réglementaires et les changements de tarifs imposés par le gouvernement, elle est sur le point de passer l’objectif fixé par la PPE pour le biométhane injecté, à savoir 6 TWh à la fin de l’année 2023. « Nous sommes la seule filière d’énergie renouvelable à avoir atteint ses objectifs et même à être en avance » souligne Olivier Dauger. Pour France gaz renouvelable, réviser les objectifs de la PPE et de la stratégie nationale bas carbone, c’est donner à la filière les moyens de « viser deux tiers de gaz renouvelable dans la consommation finale en 2040 », une cible également rendue possible par la part grandissante du biométhane dans les stratégies de planification énergétique régionale avec des régions qui affichent parfois des ambitions très importantes et des feuilles de route dédiées. C’est notamment le cas en Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine. Dans son manifeste présidentiel, le syndicat des énergies renouvelables estime également que les objectifs de production doivent être réhaussés. Le SER a évoqué 12 TWh à la fin de l’année 2023, soit le doublement de l’objectif cible.

S’accorder sur des trajectoires financières et réglementaires pérennes

Autre chantier nécessaire : celui de la visibilité réglementaire et financière. Si la filière affiche actuellement un rythme de développement parmi les plus les plus dynamiques d’Europe, notamment pour le biométhane injecté, FGR craint par exemple que la baisse du tarif (de l’ordre de 10 %), la réforme de l’arrêté ICPE ou encore le socle commun sur les matières fertilisantes puissent considérablement ralentir les projets, « avec des surcoûts évalués en moyenne à 20 % », alors même que les économies d’échelle seront atteintes selon elle si la dynamique reste « soutenue ». En conséquence, elle demande le maintien de l’enveloppe de soutien public actuelle, de l’ordre de 9,7 milliards d’euros pour la période 2019-2028, la stabilisation d’une « trajectoire tarifaire viable […] tenant compte des coûts induits » et un cadre réglementaire stabilisé dans une filière qui nécessite de très lourds investissements dès le départ d’un projet et une visibilité de long terme. FGR demande à ce qu’un cadre réglementaire puisse être fixé pour une période minimum de cinq ans et une meilleure articulation des politiques de soutien aux gaz renouvelables gérés aujourd’hui par de multiples acteurs publics. Elle espère également que le dispositif des certificats de production de biométhane sera rapidement opérationnel.

L’acceptabilité, l’indispensable gage de réussite

Comme toutes les énergies renouvelables, le gage de réussite d’un projet va souvent de pair avec son appropriation par les populations locales. Parce qu’elle connaît un rythme de développement rapide et continue ces dernières années, la question de son acceptabilité est de plus en plus prégnante. Pour faciliter cette acceptabilité mais aussi améliorer les pratiques des acteurs de la filière, FGR souhaite mettre en place une série de mesures alliant pédagogie et engagements allant dans le sens de l’intérêt général. Parmi elles: renforcer les outils de communication et d’information auprès des élus locaux, « de solides relais sur les territoires » précise FGR qui souhaite que ces mêmes élus s’impliquent dans les concertations sur les schémas territoriaux d’injection. Autre demande qui fait écho à cette dimension d’énergie citoyenne : faire en sorte que les territoires impliqués dans les projets de méthanisation puissent bénéficier de retombées directes, comme « des garanties d’origines gratuites pour les collectivités ou via une obligation d’une part de gaz renouvelable dans les bâtiments publics ».