Que faut-il retenir du conseil européen de l’énergie et des transports ?

©Johannes Frandsen/ Bureau du gouvernement de la Suède

Publié le 28/02/2023

6 min

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Les ministres de l’Énergie et des Transports se sont réunis les 27 et le 28 février pour un conseil informel de l’énergie et des transport à Stockholm, à l’initiative de la présidence suédoise du Conseil européen.  Que faut-il en retenir ?

Par la rédaction, avec AFP

 

Plusieurs annonces ont été faites : une coalition de 11 nations européennes dont la France ont annoncé leur volonté de renforcer leur coopération dans le nucléaire. La Commission européenne a évoqué l’idée de prolonger l’objectif de réduction de la demande de gaz de 15 % instauré en juillet dernier et les États membres ont acté la nécessité de développer une production massive de carburants alternatifs pour l’aviation et pour le monde maritime sur le sol européen, « évitant de nouvelles dépendances ».

Onze pays renforcent leur coopération dans le nucléaire

Onze pays de l’UE, emmenés par la France, ont affirmé le 28 février leur volonté de « renforcer la coopération européenne » dans l’énergie nucléaire pour développer « de nouveaux projets« , insistant sur le rôle de l’atome dans la décarbonation de l’économie. Cette coalition, c’est « un signal politique » estime le cabinet de la ministre Agnès Pannier-Runacher lors d’un échange avec la presse en milieu de journée. « L’énergie nucléaire est l’un des nombreux outils permettant d’atteindre nos objectifs climatiques, de produire de l’électricité de base et de garantir la sécurité de l’approvisionnement« , affirment ces pays dans une déclaration commune signée en marge d’une réunion des ministres européens de l’Énergie à Stockholm. Les 11 États (France, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Hongrie, Finlande, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) s’accordent pour « soutenir de nouveaux projets » nucléaires, basés notamment « sur des technologies innovantes » ainsi que « l’exploitation des centrales existantes« . Le texte prévoit des projets conjoints de formation, « des possibilités de coopération scientifique accrue » et le « déploiement coordonné des meilleures pratiques dans la sécurité« . Le cabinet de la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait affiché avant la réunion l’objectif de « créer une alliance du nucléaire (…) et d’envoyer un signal fort dans les différentes négociations européennes« .

Paris milite pour l’atome « complémentaire des renouvelables »

 Paris veut notamment recourir à l’atome pour atteindre ses objectifs climatiques en termes d’hydrogène « vert » dans les transports et l’industrie, ce à quoi s’opposent farouchement plusieurs États, dont l’Allemagne et l’Espagne. Dans le cadre d’une réforme du marché européen de l’électricité, la France préconise également des contrats de longue durée à prix garanti, y compris au bénéfice de la production nucléaire, ce que refuse Berlin. « Le nucléaire représente 25 % de notre production électrique européenne, et émet moins de carbone que l’éolien et le photovoltaïque« , avait martelé lundi Agnès Pannier-Runacher, y voyant un outil « complémentaire » des renouvelables « pour atteindre la neutralité carbone » visée par l’UE en 2050. « Nous devons unir nos forces » pour innover et « développer de nouvelles installations », avait-elle plaidé. « États-Unis, Royaume-Uni, Corée du Sud, Chine, Inde et même Japon envisagent le nucléaire comme moyen important de décarboner leur économie. Nous devons être sur un pied d’égalité« , a-t-elle souligné. Varsovie et Prague avaient salué lundi ce projet d' »alliance« , même si ce terme n’a pas été retenu dans la déclaration finale. « Les renouvelables peuvent s’avérer instables. Il faut une énergie stable et durable, faiblement carbonée : nous n’en connaissons qu’une, le nucléaire« , a observé le ministre tchèque Jozef Sikela. La présidence suédoise de l’UE s’est montrée accommodante : « Nous respectons le fait que les États choisiront des solutions différentes pour leur transition, le but étant de se passer des énergies fossiles« , a commenté la ministre Ebba Busch. À l’inverse, Allemagne, Autriche et Luxembourg ont réaffirmé à Stockholm leur hostilité à l’essor de l’atome en Europe. « Pour gagner la course contre le changement climatique, nous devons être rapides. Les nouvelles centrales nucléaires, c’est 15 ans de construction, deux à trois fois plus cher que l’éolien et le solaire. C’est de l’idéologie, pas du pragmatisme », a déclaré lundi le ministre luxembourgeois Claude Turmes.

La sobriété gazière prolongée dans l’UE ?

Lors de cette réunion, les ministres de l’énergie ont fait le point sur la sécurité énergétique de l’Europe, un an après le début de la guerre en Ukraine. La commissaire européenne à l’énergie Kadri Simson est revenue sur les progrès accomplis par l’Union depuis un an. Elle qui dépendait à plus de 40 % des importations de gaz russe en février 2022 a réussi à éliminer progressivement sa dépendance au gaz russe. La Russie n’est plus le premier fournisseur de gaz de l’Europe, remplacée par les États-Unis et la Norvège. En 12 mois, les approvisionnements en gaz russe par gazoduc « sont passés de 155 à 62 milliards de m3 » précise-elle. Les importations de gaz naturel liquéfie sont passées de 80 milliards de m3 en 2021 à 135 milliards de m3 en 2022. Dans le même temps, les États membres ont réduit la demande de gaz de 19 % entre août et janvier. Concrètement, l’UE a réussi à réduire sa consommation de gaz de 38 milliards de m3. Hier, Kadri Simson a évoqué, en conférence de presse, la possibilité de prolonger cet objectif de réduction de 15 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années qui devait initialement prendre fin au 31 mars 2023, soulignant la nécessité de se préparer au prochain hiver alors qu’UE pourrait ne plus du tout recevoir de gaz russe.