Rouen construit sa vallée de l’hydrogène

Publié le 20/04/2021

5 min

Publié le 20/04/2021

Temps de lecture : 5 min 5 min

Le 12 avril, la métropole Rouen Normandie et Valorem ont annoncé la présélection du projet « Rouen vallée hydrogène » pour l’appel à projets « Écosystèmes territoriaux hydrogène » lancé par l’Ademe. Un projet associant le déploiement d’un site de production d’hydrogène vert à celui  d’une flotte de 11 bus à pile à combustible dans la métropole rouennaise.

Par Laura Icart 

 

Le déploiement d’écosystèmes hydrogène dans les territoires est une pierre angulaire de la stratégie hydrogène française présentée en septembre dernier par le gouvernement et du plan de relance. Ils doivent permettre, selon l’Agence la transition écologique (Ademe), de « faire émerger les infrastructures de production d’hydrogène bas carbone et renouvelable, alimentant des usages de cet hydrogène dans le domaine de la mobilité ou de l’industrie ». Objectif : consolider une filière industrielle encore émergente en soutenant l’ensemble des fabricants de véhicules, équipementiers, fabricants d’électrolyseurs et de piles à combustible, réservoirs et stations-service. Les premiers projets d’envergure avaient d’ailleurs été annoncés lors du premier conseil national de l’hydrogène, le 25 février dernier.

Des territoires pleinement mobilisés

Le projet « Rouen vallée hydrogène » fait donc partie des sept premiers projets présélectionnés (sur 17 déposés) par l’Ademe, issus de la première clôture (décembre 2020) et pour lesquels l’agence enregistre une demande d’aide de 45 millions d’euros. Des projets répartis sur l’ensemble de nos territoires, comme le projet « Vallée hydrogène Grand Ouest » qui s’étend sur trois régions, la Bretagne, les Pays de la Loire et la Normandie, porté par la jeune pousse nantaise Lhyfe, ou encore le projet « H2 Nord Franche-Comté » qui vise à utiliser de l’hydrogène produit localement pour alimenter une partie de la flotte de bus du Grand Belfort. Des projets qui, selon l’Ademe, « sont en cours d’instruction approfondie et seront contractualisés dans les mois à venir ». Une dynamique « très forte » qui devrait encore s’amplifier puisque 32 projets ont été déposés suite à la deuxième clôture de l’appel à projets le 16 mars, totalisant plus de 1 milliard d’euros d’investissement prévisionnel. Selon les ministères de la Transition écologique et de l’Économie et de la relance, cette « forte mobilisation des territoires » sur cette deuxième session – la quasi-totalité des régions françaises sont concernées, sur le territoire métropolitain comme en Corse et Outre-Mer -, est la preuve que les régions ont su saisir « l’opportunité que représente cette filière d’avenir en termes de souveraineté industrielle et d’emplois ».

Fournir de l’hydrogène produit localement

Le projet « Rouen vallée hydrogène » est porté par l’opérateur français en énergies vertes Valorem qui dispose en Normandie de 10 parcs de production d’énergies renouvelables pour une puissance cumulée de 91 MW et par la métropole Rouen Normandie, associés pour développer la première unité de production d’hydrogène vert à partir d’électricité renouvelable solaire, sur le territoire normand, et qui permettra d’alimenter une flotte de 11 bus mais également d’autres usages industriels et mobilités situés à proximité de l’installation. Plus concrètement, ce projet de 14 millions d’euros verra l’installation de deux infrastructures : un parc photovoltaïque d’au moins 7 MWc dont l’électricité verte produite « viendra alimenter un électrolyseur à hydrogène d’une puissance installée de 1 MW » et une station de distribution en hydrogène, implantée au dépôt de bus des Deux-Rivières. Valorem sera chargé de la conception, du développement, du co-financement et de l’exploitation-maintenance de ces infrastructures. À noter que la création de la centrale photovoltaïque et la fabrication de l’électrolyseur seront co-financées par la métropole et Valorem « via un outil d’investissement de format SEM locale » dont les modalités seront dévoilées dans les prochains mois.

11 bus pour décarboner la mobilité

L’amélioration de la qualité de l’air est un enjeu majeur de ce projet qui préfigure une mobilité plus propre sur le territoire. La pollution de l’air, rappelons le, occasionne chaque année selon les dernières données de Santé publique France 40 000 décès prématurés dans notre pays. Les 11 bus qui seront intégrés au réseau de transports en commun exploité par Transdev Rouen seront construits par le belge Van Hool. La livraison est prévue à la mi-2022, tandis que l’unité de production devrait être opérationnelle à l’été 2022. La métropole souhaite « tester la solution hydrogène sur les lignes de bus trop longues pour être exploitées avec des bus électriques » et plus particulièrement la ligne 6 du réseau Astuce. Une ligne très fréquentée, longue de 17 kilomètres allant de « Beauvoisine » à « Bouttières » et comptant près de 42 arrêts. Si la métropole Rouen Normandie exploite déjà une flotte de 17 bus électriques, elle dispose également depuis 2017 d’une station de recharge d’hydrogène pour véhicules qui alimente une dizaine de Kangoo ZE H2. Un premier projet d’envergure pour la métropole qui espère bien qu’il fera des émules rapidement.

Crédit : Shutterstock.