RTE chiffre à 100 milliards d’euros son plan pour moderniser le réseau électrique

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Publié le 14/03/2024

4 min

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Le réseau électrique français devra subir des travaux de développement et de modernisation évalués à environ 100 milliards d’euros d’ici 2040, pour répondre à son vieillissement et à la transition énergétique du pays, selon un plan mis en consultation le 14 mars par  le gestionnaire du réseau à haute tension RTE.

Par la rédaction, avec AFP

 

Ce schéma décennal de développement du réseau (SDDR) mis en consultation pour six semaines « a pour but de garantir que le réseau public de transport d’électricité est adapté aux objectifs de politique énergétique fixés par l’État » explique RTE dans ses documents mis en ligne jeudi. Dans sa dernière édition datée de 2019, le gestionnaire de réseau avait évalué ce besoin à 33 milliards d’euros à 2035. Mais depuis « l’État a redéfini l’orientation de sa politique énergétique » indique RTE, évoquant la relance du nucléaire, l’accélération des renouvelables en mettant l’accent sur l’éolien en mer et le solaire et la réindustrialisation via le développement de zones industrielles bas carbone. Ce qui a conduit RTE à proposer une nouvelle stratégie pour le développement du réseau électrique français, une stratégie « séquencée dans le temps, chiffrée sur le plan économique et évaluée sur le plan environnemental » indique le groupe public.

Une modernisation à environ 100  milliards

« En première analyse, les perspectives d’investissements d’ici 2040 sont de l’ordre de 100 milliards d’euros, en intégrant le renouvellement des infrastructures (…) qui constitue aujourd’hui le premier poste d’investissements de RTE« , note le plan. Un montant quasi similaire (96 milliards d’euros en 2040) à celui chiffré par le gestionnaire de réseau de distribution d’électricité Enedis. Parmi les grands travaux figurent la planification d’un programme de raccordements « sans précédent » et le renforcement avant 2030 du réseau à très haute tension pour électrifier et accueillir de nouvelles industries dans les zones industrialo-portuaires. Le plan prévoit aussi la définition d’un programme de renouvellement des infrastructures, confrontées au changement climatique mais aussi au vieillissement (plus de 20 % des lignes aériennes ont 70 ans). Enfin, un enjeu concerne la résistance aux agressions physiques et informatiques extérieures. « Il n’est plus possible de différer les renforcements structurels sur le réseau au risque de ne pas pouvoir raccorder les projets« , avertit RTE.

Une consultation publique ouverte jusqu’au 30 avril

La neutralité carbone doit donc conduire à une « reconfiguration importante du système électrique » note RTE qui estime que ce SDDR doit « planifier la troisième grande étape de construction du système électrique français » après la reconstruction du pays postérieure à la Seconde Guerre mondiale et la construction du parc électronucléaire dans les années 1980. Les collectivités et les industriels notamment seront amenés à se prononcer d’ici le 30 avril sur ce dispositif de concertation qui comporte trois documents : un premier (A) qui synthétise les principaux enjeux et les premières analyses techniques « notamment en matière de maîtrise industrielle, qui doivent être approfondis pour être en mesure de proposer une stratégie réseau crédible » note RTE ; le second (B) porte sur les études réalisées dans le SDDR et notamment « sur les propositions d’hypothèses de localisation des études de réseau, les solutions techniques étudiées et le périmètre des analyses techniques, économiques et environnementales » ; enfin le troisième (C), « une nouveauté » selon RTE pour faire face au contexte de réindustratrialisation, sur les questions de nature industrielle (priorisation des investissements, sécurisation des approvisionnements, développement des compétences) et de mise en œuvre opérationnelle (aménagement du territoire, cadre contractuel, dimensionnement du réseau) et qui servira « à affiner les trajectoires issues des études technico-économiques et construire la trajectoire industrielle ».

Le gestionnaire du réseau appelle aussi les acteurs (industries, énergéticiens) à anticiper pour mieux mutualiser les équipements, et souligne qu’il faudra « un plan industriel pour renforcer la capacité de l’industrie européenne en général, et française en particulier, à produire les matériels nécessaires« .