Séminaire gouvernemental : pas d’annonces mais des priorités fixées

©Shutterstock

Publié le 29/05/2024

4 min

Publié le 29/05/2024

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le 30 mai, l’ensemble du gouvernement est convié à un séminaire de travail autour du Premier ministre Gabriel Attal à Matignon. Objectif pour l’exécutif, quasi deux ans après l’instauration de la planification écologique : un premier bilan et la préparation des grands chantiers de l’été et de la rentrée. Et ils sont nombreux.

Par Laura Icart

 

Période de réserve électorale oblige, à quelques jours de l’échéance européenne, le séminaire gouvernemental axé sur la transition écologique ne fera « l’objet d’aucune annonce » a indiqué Matignon à la presse dans l’après-midi, même si c’est « la première fois qu’un séminaire gouvernemental exclusivement dédié à l’écologie » est organisé. Ce sera davantage une occasion de « dresser un premier bilan de la planification » indique l’entourage du Premier ministre, qui consiste « à mettre en cohérence » une dimension écologique « avec une baisse généralisée de nos émissions » et l’économie à travers la réindustrialisation et le développement de filières économiques à haut potentiel environnemental (renouvelables, hydrogène, batteries…), en y incluant une forte dimension territoriale.

Dresser un premier bilan

L’idée de ce séminaire est de « dire où on en est » indique Matignon, « être transparent sur le chemin écoulé et sur le chemin à parcourir ». En termes de résultat, le rythme de baisse des émissions « s’est considérable accru depuis 2017 », avec un rythme annuel qui avait déjà quasi triplé entre 2012 et 2017, passant de 1 à 2,9 % en moyenne et qui a fortement augmenté l’année dernière puisque les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont enregistré une baisse de 5,8 % (hors puits de carbone) indiquait récemment le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Cette diminution est pour une grande partie liée à « une baisse structurelle liée aux politiques publiques lancées » souligne Matignon, évoquant 2,4 millions de logements rénovés depuis 2020 avec Ma prime rénov’ ou encore un engouement pour la voiture électrique chez les particuliers qui représenterait « 25 % des ventes de véhicules neufs sur le mois de mars 2024 ». « Des changements de comportements » qui influent de manière structurelle sur la baisse des émissions indique Matignon qui reconnaît également que plusieurs effets conjoncturels ont permis de maximiser cette baisse. L’entourage du Premier ministre souligne également que la France a rattrapé « son retard sur la baisse d’émissions et est en ligne » avec les nouveaux objectifs pour atteindre la baisse de 55 % d’émission de GES d’ici à 2030. « Il va falloir accélérer la baisse d’un peu plus de 5 % sur la période 2026-2030 » précise Matignon.

Réaffirmer les ambitions, mobiliser les ministères

Ce séminaire sera aussi l’occasion de revenir sur l’écologie « à la française », présenté l’année dernière par Emmanuel Macron. Une écologie « souveraine », « compétitive » et « non punitive » disait alors le président de la République, quand Matignon évoque une écologie « qui améliore la vie de tous, des citoyens aux entreprises » et qui apporte des « résultats », évoquant la sobriété qui allège les factures énergétiques, la baisse de phytosanitaire – le taux de produits phytosanitaires a baissé de 18 % depuis 2017 précise l’entourage de Gabriel Attal – qui améliore l’alimentation. Mais la travail doit être poursuivi. Sur les émissions de GES, « 50 % des leviers sont sécurisés mais 50 % reste à mobiliser ». Trois priorités seront discutées pendant ce séminaire de travail qui devrait durer environ deux heures : l’économie et l’écologie doivent aller de pair pour penser la planification ; autrement dit, la décarbonation doit être un levier d’attractivité. Autre priorité : favoriser l’emploi et la formation pour répondre au besoin de la transition écologique. La planification écologique pourrait concerner près de 8 millions d’emplois et être créatrice nette de 150 000 emplois d’ici à 2030 indiquait le secrétariat général à la planification écologique (SGPE) en février. Matignon estime « qu’il y a quasiment 2,8 millions  de personnes à former d’ici la fin de la décennie pour réussir la transition écologique ». Enfin, et Matignon insiste sur ce point, l’ensemble des enjeux doivent être pensés à l’échelle des territoires, dans la ligne des COP régionales qui ont désormais toutes eu lieu. Le cap est donc fixé pour les prochaines semaines : financements, emplois et territorialisation.