Lancé il y a deux ans,  le plan de sobriété énergétique a permis de mobiliser un grand nombre de secteurs d’activités et de « réduire de plus de 12 % notre consommation d’électricité et de gaz sur l’ensemble de l’année » indique le gouvernement. Ce 21 octobre, le gouvernement a lancé la troisième édition de sa campagne de communication pour rappeler les « gestes qui comptent » alors que la sobriété fait partie des quatre piliers sur lesquels les précédents gouvernements avaient bâti la stratégie de décarbonation de la France.

Par Laura Icart

Sobriété énergétique, efficacité énergétique, déploiement des énergies renouvelables et relance du nucléaire : ce sont désormais les quatre piliers bien connus de l’exécutif pour parvenir à sortir la France des énergies fossiles. « On doit rentrer collectivement dans une logique de sobriété » déclarait en juillet 2022 le président de la République, Emmanuel Macron. La sobriété énergétique relève du changement de comportement, d’une utilisation raisonnée de l’énergie. C’est la fin du gaspillage. Et si c’est un élément structurel de la stratégie française de transition énergétique, c’est parce qu’elle est particulièrement nécessaire, dans un contexte d’urgence climatique où « la technologie ne suffira pas seule » rappelait il y a un an dans un rapport l’Académie des technologies. « La sobriété nécessite une approche globale combinant comportements individuels, mesures systémiques (infrastructures, réglementation…) et évolution de la structure de nos consommations » indiquait également l’organisme, insistant sur la notion d’équité et de partage de l’effort.

L’objectif de 10 % dépassé

Le 6 octobre 2022, le gouvernement dévoilait son plan de sobriété énergétique avec l’objectif de réduire de 10 % la consommation énergétique française d’ici deux ans. Depuis, les Français sont allés au-delà puisqu’ils ont réduit de 12,2 % leur consommation d’électricité et de gaz entre le mois d’août 2022 et la fin juillet 2023, par rapport à la période d’août 2018 à fin juillet 2019, soit environ 9 % de réduction des émissions  de gaz à effet de serre pour le seul quatrième trimestre de 2022, dans un contexte d’envolée des prix de l’énergie. « Les résultats sont là : dès l’hiver 2022-2023, la consommation énergétique d’électricité de l’État a baissé de 7 % et de 11 % pour le gaz » a précisé Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques, évoquant des gains de « souveraineté » et de « pouvoir d’achat ». Mais « les efforts doivent continuer » a-t-elle poursuivi. La consommation énergétique a baissé de 12,3 % pour l’année 2023-2024. 

Vers une évolution structurelle ?

« La sobriété n’est pas là seulement pour passer l’hiver, elle nous permet de préserver nos ressources tout en assurant notre confort et notre qualité de vie. Ces bonnes habitudes nous aident à sortir de notre dépendance aux énergies fossiles » souligne  de son coté Olga Givernet, ministre déléguée chargée de l’énergie qui rappelle que le défi de demain « sera d’allier électrification des usages et sobriété et d’ancrer définitivement ce changement comportemental dans les mœurs ». Près de 44 % des Français déclarent fin 2023 baisser systématiquement le chauffage ou la climatisation à leur domicile pour réduire leur consommation d’énergie selon une enquête réalisée par l’Insee et publiée par le service des données et études statistiques (SDES) du ministère, soit une hausse de 4 % par rapport à l’année précédente et « le niveau le plus élevé depuis 2015 » indique le SDES. Plus révélateur encore, seuls 10 % des sondés déclarent ne jamais faire ce geste en 2023. Ils étaient 15 % en moyenne entre 2009 et 2022.

Alors que nous commençons à réentendre le slogan “Je baisse, j’éteins, je décale”, qui a rythmé les deux hivers précédents, le gouvernement espère ancrer ces gestes dans le quotidien des Français et rappelle les six gestes clés pour économiser l’énergie parmi lesquels régler le chauffage de son logement à 19 °C maximum, décaler l’utilisation des appareils électriques en heures creuses ou encore privilégier le covoiturage.