Une rentrée « très politique » pour le Syndicat des énergies renouvelables

Publié le 13/09/2024

4 min

Publié le 13/09/2024

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Le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), Jules Nyssen, entouré des principaux présidents des commissions du SER, a présenté les grands chantiers de cette rentrée pour les énergies renouvelables. Inquiétude numéro une pour le SER : l’austérité budgétaire annoncée, alors que la France doit impérativement accélérer sur le déploiement des EnR pour répondre à ses objectifs climatiques et énergétiques.

Par Laura Icart

 

« Nous serons attentifs à ce que la dette financière du pays ne soit pas plus importante que la dette écologique sous prétexte que l’on a plus de temps pour la traiter » a souligné d’emblée Jules Nyssen devant la presse, à quelque jours du colloque annuel de l’association, mardi 17 septembre. Le ton est donné. Face à la dette écologique soulignée par le Premier ministre, « il faut agir, et l’ouverture des discussions du projet de loi de finances peut donner le cadre » a précisé le président du SER qui espère qu’un ministère de plein exercice sera dédié à la question énergétique dans le prochain de gouvernement de Michel Barnier.

Créer les « bonnes » incitations fiscales

Les orientations annoncées dans le cadre des lettres d’engagements prévoient des coupes budgétaires importantes : baisse des fonds d’aides à l’électrification et à la décarbonation comme le fonds chaleur ou le fonds vert ou encore taxation des capacités installées de production d’électricité ne « vont pas dans le sens de toute la dynamique engagée en France » ces dernières pour accélérer le déploiement des renouvelables et l’outil industriel adéquat, estime le SER. « Il ne faut pas tuer cette dynamique sous prétexte du coût, il faut penser à long terme » rappelle Jules Nyssen, évoquant la pertinence du rapport de la Cour des comptes sur la fiscalité énergétique sorti la semaine dernière et qui évoque justement la nécessité d’aligner la fiscalité énergétique sur les objectifs environnementaux et climatiques de la France. « Une question de cohérence » pour le président du SER qui invite à mettre en place des politiques publiques plus incitatives permettant également une évolution comportementale.

Les chantiers prioritaires

Comme à l’accoutumé depuis l’entrée du portefeuille énergétique à Bercy, le SER milite pour un retour à un ministère dédié « doté de l’autonomie et du poids permettant d’obtenir des arbitrages pour le budget 2025 qui intègrent la dette écologique du pays ». Autre maraude depuis plusieurs mois et attendue par la majorité des acteurs du monde énergétique : la publication des grands textes programmatiques de la France en matière d’énergie et de climat (PPE, SNBC, PACC). Le SER espère toujours une loi programmatique, même si l’agenda parlementaire devrait être largement consacré au budget d’ici la fin de l’année. À noter que la députée écologiste de Loire-Atlantique a redéposé sa proposition de loi visant à instaurer de nouveaux objectifs programmatiques à la France, quelque peu remaniée. Autre chantier : le lancement d’une concertation des acteurs sur le bouclage biomasse « avant tout arbitrage politique sur la priorisation des usages » précise le SER, évoquant notamment le comité des parties prenantes du groupement d’intérêt scientifique (GIS) sur la biomasse créé en février et qui ne s’est toujours réuni à ce jour. Deux autres priorités sont évoquées par le syndicat : le déploiement d’une politique ambitieuse d’accompagnement de la chaîne de valeur industrielle des EnR et la possibilité pour les réseaux électriques d’accompagner la transition énergétique.

Donner de la valeur à la valeur

Donner de la valeur à la valeur, c’est que devrait proposer prochainement le SER à travers son « pacte rural et citoyen ». Un pacte qui ancre les « énergies renouvelables au cœur des territoires, dans la ruralité, dans le monde agricole et en co-construction avec les citoyens » a-t-il souligné, évoquant l’importance de davantage associer les habitants au déploiement des EnR et de pouvoir créer une « fiscalité locale incitative » et davantage de « partage de la valeur ».

En France, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie a atteint 22,2 % en 2023 selon des données encore provisoires publiées par le Commissariat général au développement durable (CGDD). Une hausse de 1,7 % en moyenne qui ne permet néanmoins pas à notre pays d’être dans les clous et de répondre aux objectifs fixés par la directive européenne, à savoir 23 % en 2020, alors que l’Union européenne a depuis réhaussé les objectifs pour 2030 à 42,5 %.