Veolia et Waga Energy démarrent le plus important site de production de biométhane de France

L’unité WAGABOX® installée sur le site Suez de Saint-Maximin (Oise) injecte du biométhane en continu depuis le 26 juin 2017.

Publié le 05/04/2022

6 min

Publié le 05/04/2022

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Veolia et Waga Energy, spécialiste mondial du gaz de décharge, ont annoncé jeudi 31 mars le démarrage de la plus grande unité de production de biométhane valorisant du biogaz issu d’une installation de stockage des déchets non dangereux (ISDND) en France. Située à Claye-Souilly (Seine-et-Marne), cette onzième Wagabox sera capable de produire l’équivalent de la consommation annuelle de 20 000 foyers ou 480 bus alimentés au biogaz véhicule (bioGNV).

Par Laura Icart

 

À l’heure où l’ensemble des pays européens cherchent le moyen de réduire leur dépendance au gaz russe, la production de biogaz dans nos territoires apparaît comme une solution de plus en plus pertinente répondant à la fois à une logique d’indépendance énergétique et à un enjeu climatique. La technologie d’épuration développée et brevetée par la société iséroise Waga Energy, matérialisée dans une Wagabox, est capable de valoriser 90 % du méthane contenu dans le biogaz des déchets, garantissant un rendement énergétique trois fois supérieur aux solutions de cogénération et fournit un « biométhane pur à 98 % ».

20 000 logements chauffés au gaz vert ou 480 bus au bioGNV

À Claye-Souilly, le site du pôle d’écologie industrielle de Veolia traite jusqu’à 1,5 million de tonnes par an de déchets non dangereux municipaux et industriels. Le site proposait déjà une valorisation du biogaz en électricité et en chaleur. Avec le démarrage de la Wagabox, la production totale d’énergie sur site atteindra 238 GWh par an, « soit une augmentation de 40 % de l’offre énergétique existante » précise Veolia. Cette nouvelle unité de production devrait produire jusqu’à 120 GWh de gaz renouvelable par an, soit « l’équivalent de la consommation annuelle moyenne de 20 000 foyers ou 480 bus roulant au bioGNV », et injectera dans le réseau de GRDF. Elle permettra « d’éviter environ 25 000 tonnes de CO2  par an » selon les acteurs du projet. Pour Mathieu Lefebvre, cofondateur et PDG de Waga Energy, cette étape marque « un nouveau jalon » dans la collaboration entre Veolia et son entreprise « pour développer une alternative durable aux énergies fossiles », qui est aussi selon une action « concrète contre le réchauffement climatique » et permet également de « renforcer l’indépendance énergétique de notre pays ».

175 GWh par an à horizon 2024

En France, Veolia et Waga Energy se sont engagées à développer quatre projets conjointement. Après la mise en service en décembre 2018 de l’unité de production de biométhane installée sur le site de stockage des déchets de Saint-Palais (Cher) qui permet d’alimenter en gaz renouvelable 3 000 foyers et celle de Claye-Souilly fin mars – « la plus grande de France sur ce type d’installation », deux autres unités sont en cours de construction : à Le Ham (Manche) et à Chatuzange-le-Goubet (Drôme). Une fois les quatre unités en service à horizon 2024, elles représenteront une capacité de production de biométhane allant jusqu’à 175 GWh par an et « permettront d’éviter 35 000 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre chaque année ».

Veolia veut accélérer sur la production de biométhane

Veolia est déjà un acteur majeur de la production de biogaz : le géant du traitement des déchets a produit l’année dernière 1,6 térawattheure de biogaz issu de la méthanisation des déchets. Le groupe, qui valorise environ 47 millions de tonnes de déchets chaque année, veut davantage « contribuer au développement d’une véritable filière de la production de gaz vert au niveau européen, indispensable pour la sécurité énergétique et pour la lutte contre le réchauffement climatique » souligne Estelle Brachlianoff, directrice générale adjointe en charge des opérations de Veolia, qui précise que l’entreprise recense « un gisement de ressources en énergie primaire de près de 6 TWh « .

Waga Energy a produit 26 % de biométhane supplémentaire en 2021

2021 fut une belle année pour la pépite grenobloise entrée en bourse en octobre 2021. Les 10 unités Wagabox en exploitation ont produit 145 GWh de biométhane en 2021, soit 26,7 % de plus que l’année précédente. « Cette augmentation s’explique par les progrès réalisés dans l’exploitation des unités et par le fonctionnement en année pleine des trois unités démarrées en 2020 ». Avec la mise en service de cette onzième Wagabox en Seine-et-Marne, la capacité installée est désormais estimée à 240 GWh par an. Treize unités sont en cours de construction en France, en Europe et en Amérique du Nord. Une fois mise en service, et en tenant compte des 11 unités existantes, la capacité de production de biométhane permise par les Wagabox sera équivalente à 800 GWh par an.

Le 77, bastion du biométhane

Avec la mise en service de cette 27ᵉ unité de biométhane, la Seine-et-Marne fait partie des départements de France qui comptent le plus d’unités de méthanisation. Elle concentre plus de la moitié des unités de méthanisation en injection de la région francilienne. La stratégie énergie-climat de la région Île-de-France, adoptée en juillet 2018, affiche l’ambition d’une contribution de la méthanisation à hauteur de 5 TWh par an à l’horizon 2030, représentant pas moins de 240 installations, soit 14 % des énergies renouvelables à produire en Île-de-France. En Seine-et-Marne, la production locale couvre « aujourd’hui 16 % de ses usages résidentiels de gaz » souligne Bertrand de Singly, directeur clients territoires Île-de-France de GRDF. Pour rappel, en juillet 2020, neuf acteurs (le département, la préfecture du département, l’Ademe, la région Île-de-France, la chambre d’agriculture de la région, le Syndicat départemental des énergies de Seine-et-Marne, l’Union des maires et des présidents d’EPCI de Seine-et-Marne, GRDF et GRTgaz) se sont engagés via une charte CapMétha77 sur une politique volontariste du développement du biométhane à l’échelle régionale et se sont fixé l’objectif de couvrir 75 % des besoins résidentiels en gaz d’ici 2030, soit une production de 2 500 GWh par an. « Une ambition qui s’inscrit dans le scénario de renforcement de l’efficacité énergétique et de développement d’une mobilité décarbonée de la région. »

© Waga Energy.